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PostgreSQL™ dispose d'un support natif des connexions SSL pour crypter les connexions client/serveur et améliorer ainsi la sécurité. Voir la Section 18.9, « Connexions tcp/ip sécurisées avec ssl » pour des détails sur la fonctionnalité SSL côté serveur.
libpq lit le fichier de configuration système d'OpenSSL™. Par défaut, ce fichier est nommé openssl.cnf et est placé dans le répertoire indiqué par openssl version -d. Cette valeur par défaut peut être surchargé en configurant la variable d'environnement OPENSSL_CONF avec le nom du fichier de configuration souhaité.
Par défaut, PostgreSQL™ ne vérifie pas le certificat du serveur. Cela signifie qu'il est possible de se faire passer pour le serveur final (par exemple en modifiant un enregistrement DNS ou en prenant l'adresse IP du serveur) sans que le client ne le sache. Pour empêcher ceci, le client doit être capable de vérifier l'identité du serveur via une chaîne de confiance. Une chaîne de confiance est établie en plaçant le certificat racine auto-signé d'une autorité de certificats (CA) sur un ordinateur et un certificat feuille signé par le certificat racine sur un autre ordinateur. Il est aussi possible d'utiliser un certificat « intermédiaire » signé par le certificat racine et qui signe des certificats feuilles.
Pour permettre au client de vérifier l'identité du serveur, placez un certificat racine sur le client et un certificat feuille signé par le certificat racine sur le serveur. Pour permettre au serveur de vérifier l'identité du client, placez un certificat racine sur le serveur et un certificat feuille signé par le certificat racine sur le client. Un ou plusieurs certificats intermédiaires (habituellement stockés avec le certificat feuille) peuvent aussi être utilisés pour lier le certificat feuille au certificat racine.
Une fois qu'une chaîne de confiance a été établie, il existe deux façons pour le client de valider le certificat feuille envoyé par le serveur. Si le paramètre sslmode est configuré à verify- ca, libpq vérifiera que le serveur est de confiance en vérifiant la chaîne de certificats jusqu'au certificat racine stocké sur le client. Si sslmode est configuré à verify- full, libpq va aussi vérifier que le nom d'hôte du serveur correspond au nom stocké dans le certificat du serveur. La connexion SSL échouera si le certificat du serveur n'établit pas ces correspondances. La connexion SSL échouera si le certificat du serveur ne peut pas être vérifié. verify-full est recommandé pour les environnements les plus sensibles à la sécurité.
En mode verify-full, le nom de l'hôte est mis en correspondance avec le ou les attributs "Subject Alternative Name" du certificat, ou avec l'attribut "Common Name" si aucun "Subject Alternative Name" de type dNSName est présent. Si le nom du certificat débute avec le caractère étoile (*), le caractère étoile sera traité comme un métacaractère qui correspondra à tous les caractères à l'exception du point. Cela signifie que le certificat ne pourra pas être utilisé pour des sous-domaines complets. Si la connexion se fait en utilisant une adresse IP au lieu d'un nom d'hôte, l'adresse IP sera vérifiée (sans faire de recherche DNS).
Pour permettre la vérification du certificat du serveur, un ou plusieurs certificats racines doivent être placés dans le fichier ~/.postgresql/root.crt du répertoire personnel de l'utilisateur (sur Windows, le fichier est nommé %APPDATA%\postgresql\root.crt). Les certificats intermédiaires doivent aussi être ajoutés au fichier s'ils sont nécessaires pour lier la chaîne de certificat envoyée par le serveur aux certificats racines stockés sur le client.
Les entrées de la liste de révocation des certificats (CRL) sont aussi vérifiées si le fichier ~/.postgresql/root.crl existe (%APPDATA%\postgresql\root.crl sur Microsoft Windows).
L'emplacement du certificat racine et du CRL peuvent être changés avec les paramètres de connexion sslrootcert et sslcrl, ou les variables d'environnement PGSSLROOTCERT et PGSSLCRL.
Pour une compatibilité ascendantes avec les anciennes versions de PostgreSQL, si un certificat racine d'autorité existe, le comportement de sslmode=require sera identique à celui de verify-ca. Cela signifie que le certificat du serveur est validé par l'autorité de certification. Il ne faut pas se baser sur ce comportement. Les applications qui ont besoin d'une validation du certificat doivent toujours utiliser verify-ca ou verify-full.
Si le serveur tente de vérifier l'identité du client en réclamant le certificat feuille du client, libpq enverra le certificat stocké dans le fichier ~/.postgresql/postgresql.crt du répertoire personnel de l'utilisateur. Les certificats doivent chaîner vers le certificat racine de confiance du serveur. Un fichier de clé privé correspondant ~/.postgresql/postgresql.key doit aussi être présent. Le fichier de clé privée ne doit pas permettre son accès pour le groupe ou pour le reste du monde ; cela se fait avec la commande chmod 0600 ~/.postgresql/postgresql.key. Sur Microsoft Windows, ces fichiers sont nommés %APPDATA%\postgresql\postgresql.crt et %APPDATA%\postgresql\postgresql.key, et il n'existe pas de vérification de droits car ce répertoire est présumé sécurisé. L'emplacement des fichiers certificat et clé peut être surchargé par les paramètres de connexion sslcert et sslkey, ou les variables d'environnement PGSSLCERT et PGSSLKEY.
Le premier certificat dans postgresql.crt doit être le certificat du client parce qu'il doit correspondre à la clé privée du client. Les certificats « intermédiaires » peuvent être ajoutés au fichier en option -- le faire permet d'éviter d'avoir à stocker les certificats intermédiaires sur le fichier root.crt du serveur.
Pour des instructions sur la création de certificats, voir Section 18.9.3, « Créer des certificats ».
Les différentes valeurs du paramètre sslmode fournissent différents niveaux de protection. SSL peut fournir une protection contre trois types d'attaques différentes :
Si une troisième partie peut examiner le trafic réseau entre le client et le serveur, il peut lire à la fois les informations de connexion (ceci incluant le nom de l'utilisateur et son mot de passe) ainsi que les données qui y passent. SSL utilise le chiffrement pour empêcher cela.
Si une troisième partie peut modifier les données passant entre le client et le serveur, il peut prétendre être le serveur et, du coup, voir et modifier les données y compris si elles sont chiffrées. La troisième partie peut ensuite renvoyer les informations de connexion et les données au serveur d'origine, rendant à ce dernier impossible la détection de cette attaque. Les vecteurs communs pour parvenir à ce type d'attaque sont l'empoisonnement des DNS et la récupération des adresses IP où le client est dirigé vers un autre serveur que celui attendu. Il existe aussi plusieurs autres méthodes d'attaque pour accomplir ceci. SSL utilise la vérification des certificats pour empêcher ceci, en authentifiant le serveur auprès du client.
Si une troisième partie peut prétendre être un client autorisé, il peut tout simplement accéder aux données auquel il n'a pas droit. Typiquement, cela peut arrier avec une gestion incorrecte des mots de passe. SSL utilise les certificats clients pour empêcher ceci, en s'assurant que seuls les propriétaires de certificats valides peuvent accéder au serveur.
Pour qu'une connexion soit sûre, l'utilisation de SSL doit être configurée sur le client et sur le serveur avant que la connexion ne soit effective. Si c'est seulement configuré sur le serveur, le client pourrait envoyer des informations sensibles (comme les mots de passe) avant qu'il ne sache que le serveur réclame une sécurité importante. Dans libpq, les connexions sécurisées peuvent être garanties en configurant le paramètre sslmode à verify-full ou verify-ca, et en fournissant au système un certificat racine à vérifier. Ceci est analogue à l'utilisation des URL https pour la navigation web chiffrée.
Une fois que le serveur est authentifié, le client peut envoyer des données sensibles. Cela signifie que jusqu'à ce point, le client n'a pas besoin de savoir si les certificats seront utilisés pour l'authentification, rendant particulièrement sûr de ne spécifier que ceci dans la configuration du serveur.
Toutes les options SSL ont une surcharge du type chiffrement et échange de clés. Il y a donc une balance entre performance et sécurité. Tableau 32.1, « Description des modes SSL » illustre les risques que les différentes valeurs de sslmode cherchent à protéger, et ce que cela apporte en sécurité et fait perdre en performances.
Tableau 32.1. Description des modes SSL
sslmode | Protection contre l'écoute | Protection contre l'attaque MITM | Remarques |
---|---|---|---|
disable | Non | Non | Peu m'importe la sécurité, je ne veux pas la surcharge apportée par le chiffrement. |
allow | Peut-être | Non | Peu m'importe la sécurité, mais je vais accepter la surcharge du chiffrement si le serveur insiste là-dessus. |
prefer | Peut-être | Non | Peu m'importe la sécurité, mais j'accepte la surcharge du chiffrement si le serveur le supporte. |
require | Oui | Non | Je veux chiffrer mes données, et j'accepte la surcharge. Je fais confiance au résreau pour me connecter toujours au serveur que je veux. |
verify-ca | Oui | Dépend de la politique du CA | Je veux chiffrer mes données, et j'accepte la surcharge. Je veux aussi être sûr que je me connecte à un serveur en qui j'ai confiance. |
verify-full | Oui | Oui | Je veux chiffrer mes données, et j'accepte la surcharge. Je veux être sûr que je me connecte à un serveur en qui j'ai confiance et que c'est bien celui que j'indique. |
La différence entre verify-ca et verify-full dépend de la politique du CA racine. Si un CA publique est utilisé, verify-ca permet les connexions à un serveur que quelqu'un d'autre a pu enregistrer avec un CA accepté. Dans ce cas, verify-full devrait toujours être utilisé. Si un CA local est utilisé, voire même un certificat signé soi-même, utiliser verify-ca fournit souvent suffisamment de protection.
La valeur par défaut pour sslmode est prefer. Comme l'indique la table ci-dessus, cela n'a pas de sens d'un point de vue de la sécurité, et cela ne promet qu'une surcharge en terme de performance si possible. C'est uniquement fourni comme valeur par défaut pour la compatibilité ascendante, et n'est pas recommandé pour les déploiements de serveurs nécessitant de la sécurité.
Tableau 32.2, « Utilisation des fichiers SSL libpq/client » résume les fichiers liés à la configuration de SSL sur le client.
Tableau 32.2. Utilisation des fichiers SSL libpq/client
Fichier | Contenu | Effet |
---|---|---|
~/.postgresql/postgresql.crt | certificat client | envoyé par le serveur |
~/.postgresql/postgresql.key | clé privée du client | prouve le certificat client envoyé par l'utilisateur ; n'indique pas que le propriétaire du certificat est de confiance |
~/.postgresql/root.crt | autorité de confiance du certificat | vérifie que le certificat du serveur est signé par une autorité de confiance |
~/.postgresql/root.crl | certificats révoqués par les autorités | le certificat du serveur ne doit pas être sur cette liste |
Si votre application initialise les bibliothèques libssl et/ou libcrypto et que libpq est construit avec le support de SSL, vous devez appeler la fonction PQinitOpenSSL pour indiquer à libpq que les bibliothèques libssl et/ou libcrypto ont été initialisées par votre application, de façon à ce que libpq n'initialise pas elle-aussi ces bibliothèques.
Permet aux applications de sélectionner les bibliothèques de sécurité à initialiser.
void PQinitOpenSSL(int do_ssl, int do_crypto);
Quand do_ssl est différent de zéro, libpq initialisera la bibliothèque OpenSSL avant d'ouvrir une connexion à la base de données. Quand do_crypto est différent de zéro, la bibliothèque libcrypto sera initialisée. Par défaut (si PQinitOpenSSL n'est pas appelé), les deux bibliothèques sont initialisées. Quand le support de SSL n'est pas intégré, cette fonction est présente mais ne fait rien.
Si votre application utilise et initialise soit OpenSSL soit libcrypto, vous devez appeler cette fonction avec des zéros pour les paramètres appropriés avant d'ouvrir la première connexion à la base de données. De plus, assurez-vous que vous avez fait cette initialisation avant d'ouvrir une connexion à la base de données.
Permet aux applications de sélectionner les bibliothèques de sécurité à initialiser.
void PQinitSSL(int do_ssl);
Cette fonction est équivalent à PQinitOpenSSL(do_ssl, do_ssl). C'est suffisant pour les applications qui initialisent à la fois OpenSSL etlibcrypto ou aucune des deux.
PQinitSSL est présente depuis PostgreSQL™ 8.0, alors que PQinitOpenSSL a été ajoutée dans PostgreSQL™ 8.4, donc PQinitSSL peut être préférée pour les applications qui ont besoin de fonctionner avec les anciennes versions de libpq.