Les types de données de PostgreSQL sont répartis en types de base, types conteneurs, domaines et pseudo-types.
Les types de base sont ceux qui, comme integer
, sont implantés
sous le niveau du langage SQL (typiquement dans un
langage de bas niveau comme le C). Ils correspondent généralement à ce que
l'on appelle les types de données abstraits.
PostgreSQL ne peut opérer sur de tels types
qu'au moyen de fonctions utilisateur et n'en comprend le fonctionnement que
dans la limite de la description qu'en a fait l'utilisateur. Les types de
base internes sont décrits dans Chapitre 8.
Les types énumérés (enum) peuvent être considérés comme une sous-catégorie des types de base. La différence principale est qu'ils peuvent être créés en utilisant juste les commandes SQL, sans programmation de bas niveau. Référez-vous à Section 8.7 pour plus d'informations.
PostgreSQL a trois genres de types « conteneurs », qui sont des types contenant plusieurs valeurs d'autres types. Ce sont des tableaux, des valeurs composites et des intervalles.
Les tableaux peuvent contenir plusieurs valeurs qui sont toutes du même type. Un type tableau est automatiquement créé pour chaque type de base, type composite, type intervalle et type domaine. Par contre, il n'y a pas de tableaux de tableaux. Pour ce qui concerne le système de typage, les tableaux multi-dimensionnels sont identiques aux tableaux uni-dimensionnels. Référez-vous à Section 8.15 pour plus d'informations.
Les types composites, ou types lignes, sont créés chaque fois qu'un utilisateur crée une table. Il est également possible de définir un type composite autonome sans table associée. Un type composite n'est qu'une simple liste de types de base avec des noms de champs associés. Une valeur de type composite est une ligne ou un enregistrement de valeurs de champ. La Section 8.16 fournit de plus amples informations sur ces types.
Un type intervalle (range) peut contenir deux valeurs de même type, qui sont les bornes inférieure et supérieure de l'intervalle. Les types intervalle sont créés par les utilisateurs, bien que quelques-uns soient intégrés. Référez-vous à Section 8.17 pour plus d'informations.
Un domaine est basé sur un type sous-jacent donné particulier, et est interchangeable avec ce type dans beaucoup d'utilisations. Cependant, un domaine peut avoir des contraintes restreignant ses valeurs à un sous-ensemble de ce que permet le type sous-jacent. Les domaines sont créés avec la fonction SQL CREATE DOMAIN. Référez-vous à Section 8.18 pour plus d'informations.
Il existe quelques « pseudo-types » pour des besoins particuliers. Les pseudo-types ne peuvent pas apparaître comme champs de table ou comme composants de types conteneurs, mais ils peuvent être utilisés pour déclarer les types des arguments et des résultats de fonctions. Dans le système de typage, ils fournissent un mécanisme d'identification des classes spéciales de fonctions. La Tableau 8.27 donne la liste des pseudo-types qui existent.
Les pseudo-types ayant un intérêt particulier sont les types polymorphiques, utilisés pour déclarer des fonctions polymorphiques. Cette puissante fonctionnalité permet à une définition unique de fonction d'opérer sur différents types de données, le type de données étant déterminé par le type passé lors d'un appel donné. Les types polymorphiques sont indiqués dans Tableau 37.1. Quelques exemples de leurs usages apparaissent dans Section 37.5.10.
Tableau 37.1. Types polymorphiques
Nom | Famille | Description |
---|---|---|
anyelement | Simple | Indique qu'une fonction accepte n'importe quel type de données |
anyarray | Simple | Indique qu'une fonction accepte n'importe quel type de données tableau. |
anynonarray | Simple | Indique qu'une fonction accepte n'importe quel type de données qui n'est pas un tableau |
anyenum | Simple | Indique que cette fonction accepte n'importe quel type de données enum (voir Section 8.7) |
anyrange | Simple | Indique que cette fonction accepte n'importe quel type interval (voir Section 8.17) |
anycompatible | Common | Indique que la fonction accepte n'importe quel type de données, avec promotion automatique d'arguments multiples en un type de données commun. |
anycompatiblearray | Common | Indique que la fonction accepte n'importe quel type de données tableau, avec promotion automatique d'arguments multiples en un type de données commun. |
anycompatiblenonarray | Common | Indique que la fonction accepte n'importe quel type de données qui n'est pas un tableau, avec promotion automatique d'arguments multiples en un type de données commun. |
anycompatiblerange | Common | Indique que la fonction accepte n'importe quel type de données interval, avec promotion automatique d'arguments multiples en un type de données commun. |
Les arguments et résultats polymorphes sont liés entre eux et sont résolus dans un type de données spécifique quand une requête faisant appel à une fonction polymorphe est analysée. Quand il y a plus d'un argument polymorphique, les types de données courants doivent correspondre comme décrit ci-dessous. Si le type de résultat de la fonction est polymorphique, or que ses arguments de sortie sont de types polymorphiques, alors les types de ces résultats sont déduits par les types polymorphiques en entrée présents comme décrit ci-dessous.
Pour les types polymorphiques de famille « simple », la correspondance et les règles de déduction fonctionnent ainsi :
Chaque occurrence (argument
ou valeur de retour) déclarée comme anyelement
peut prendre n'importe quel type réel de données mais, lors d'un
appel de fonction donné, elles doivent toutes avoir le
même type réel. Chaque occurrence déclarée comme
anyarray
peut prendre n'importe quel type de données tableau.
De façon similaire, les occurences déclarées en tant que
anyrange
doivent toutes être du même type.
De la même façon, elles doivent toutes être du
même type. Si des occurrences sont déclarées comme
anyarray
et d'autres comme anyelement
ou anyarray
, le type
réel de tableau des occurrences anyarray
doit être un tableau
dont les éléments sont du même type que ceux apparaissant dans les
occurrences de type anyelement
ou du même type que ceux apparaissant dans les
occurrences de type anyarray
.
De la même façon, si des occurences sont déclarées de type
anyrange
et d'autres de type anyelement
, le type
range réel dans les occurences de anyrange
doit être un type
dont le sous-type est du même type que celui apparaissant dans les occurences
de anyelement
.
anynonarray
est traité de la même façon que
anyelement
mais ajoute une contrainte supplémentaire. Le type
réel ne doit pas être un tableau. anyenum
est traité de la même
façon que anyelement
mais ajoute une contrainte supplémentaire.
Le type doit être un type enuméré.
Ainsi, quand plusieurs occurrences d'argument sont déclarées avec un type
polymorphe, seules certaines combinaisons de
types réels d'argument sont autorisées. Par exemple, une fonction déclarée
comme foo(anyelement, anyelement)
peut prendre comme
arguments n'importe quelles valeurs à condition qu'elles soient du même
type de données.
Quand la valeur renvoyée par une fonction est déclarée de type polymorphe,
il doit exister au moins une occurrence d'argument également polymorphe, et
le type réel de donnée passé comme argument détermine le(s) type(s) réel(s)
du résultat renvoyé lors de cet appel à la fonction. Par exemple, s'il
n'existe pas déjà un mécanisme d'indexation d'éléments de
tableau, on peut définir une fonction qui code ce mécanisme :
indice(anyarray, integer) returns anyelement
. La
déclaration de fonction contraint le premier argument réel à être de type
tableau et permet à l'analyseur d'inférer le type correct de résultat à
partir du type réel du premier argument. Une fonction déclarée de cette
façon f(anyarray) returns anyenum
n'accepte que des
tableaux contenant des valeurs de type enum.
Dans la plupart des cas, l'analyseur peut inférer que le type de données
réel pour un type résultat polymorphique pour des arguments qui sont d'un
type polymorphique différent dans la même famille par exemple
anyarray
peut
être déduit à partir de anyelement
et vice versa. Une exception
est qu'un résultat polymorphique de type anyrange
nécessite
un argument de type anyrange
; il ne peut pas être
déduit d'arguments anyarray
ou anyelement
. Ceci
est dû au fait qu'il pourrait y avoir plusieurs types d'intervalles avec
le même sous-type.
anynonarray
et anyenum
ne représentent
pas des variables de type séparé ; elles sont du même type que
anyelement
, mais avec une contrainte supplémentaire. Par
exemple, déclarer une fonction f(anyelement, anyenum)
est équivalent à la déclarer f(anyenum, anyenum)
:
les deux arguments réels doivent être du même type enum.
Pour la famille de types polymorphiques « common », la
correspondance et les règles de déduction fonctionnent presque pareilles
que pour la famille « simple », avec une différence majeure :
les types courants des arguments n'ont pas besoin d'être identiques,
aussi longtemps qu'ils peuvent être implicitement convertis en un type commun simple.
Le type commun est sélectionné en suivant la même règle que pour UNION
et les constructions liées (voir Section 10.5).
La sélection du type commun considère les types présents
anycompatible
et anycompatiblenonarray
en entrée,
les éléments de type tableau anycompatiblearray
en entrée, et
les sous-types intervals anycompatiblerange
en entrée.
Si anycompatiblenonarray
est présent, alors le type commun doit
être un type qui n'est pas un tableau. Une fois le type commun identifié, les arguments
en position anycompatible
et anycompatiblenonarray
sont automatiquement convertis en ce type, et les arguments en position
anycompatiblearray
sont automatiquement convertis en type tableau
pour ce type.
Du fait qu'il n'y a pas de moyen de sélectionner le type interval à partir
uniquement de son sous-type, l'usage de anycompatiblerange
requiert que tous les arguments déclarés avec ce type aient le même type interval,
et que le type du sous-type est en accord avec le type commun sélectionné,
pour qu'il n'y ait pas de conversion nécessaire de la valeur de l'interval.
Comme avec anyrange
, l'usage de anycompatiblerange
en tant que type de résultat de fonction demande qu'il y ait un
argument anycompatiblerange
.
Notez qu'il n'y a aucun type anycompatibleenum
. Un tel
type ne serait pas très utile, du fait qu'il n'y a normalement aucune
conversion implicite de types enum, signifiant ainsi qu'il n'y aura aucune
façon de résoudre un type commun pour des entrées enum différentes.
Les familles polymorphiques « simple » et « common » représentent deux ensembles de types de variable indépendants. Considérez par exemple :
CREATE FUNCTION myfunc(a anyelement, b anyelement, c anycompatible, d anycompatible) RETURNS anycompatible AS ...
Dans un appel de cette fonction, les deux premières entrées doivent avoir le même type exact. Les deux dernières entrées doivent être convertibles en un type commun, mais ce type nécessite d'être complétement différent du type des deux premières entrées. Le résultat aura le type commun des deux dernières entrées.
Une fonction variadic (c'est-à-dire une fonction acceptant un nombre
variable d'arguments, comme dans Section 37.5.5) peut être polymorphique :
cela se fait en déclarant son dernier paramètre VARIADIC
anyarray
ou VARIADIC
anycompatiblearray
. Pour s'assurer de la correspondance des
arguments et déterminer le type de la valeur en retour, ce type de
fonction se comporte de la même façon que si vous aviez écrit le nombre
approprié de paramètres anynonarray
ou
anycompatiblenonarray
.