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Documentation PostgreSQL 17.2 » Programmation serveur » Triggers (triggers) » Aperçu du comportement des triggers

37.1. Aperçu du comportement des triggers #

Un trigger spécifie que la base de données doit exécuter automatiquement une fonction donnée chaque fois qu'un certain type d'opération est exécuté. Les fonctions trigger peuvent être attachées à une table (partitionnée ou non), une vue ou une table distante.

Sur des tables et tables distantes, les triggers peuvent être définies pour s'exécuter avant ou après une commande INSERT, UPDATE ou DELETE, soit une fois par ligne modifiée, soit une fois par expression SQL. Les triggers UPDATE peuvent en plus être configurées pour n'être déclenchés que si certaines colonnes sont mentionnées dans la clause SET de l'instruction UPDATE. Les triggers peuvent aussi se déclencher pour des instructions TRUNCATE. Si un événement d'un trigger intervient, la fonction du trigger est appelée au moment approprié pour gérer l'événement.

Des triggers peuvent être définies sur des vues pour exécuter des opérations à la place des commandes INSERT, UPDATE ou DELETE. Les triggers INSTEAD OF sont déclenchés une fois par ligne devant être modifiée dans la vue. C'est de la responsabilité de la fonction trigger de réaliser les modifications nécessaires pour que les tables de base sous-jacentes d'une vue et, si approprié, de renvoyer la ligne modifiée comme elle apparaîtra dans la vue. Les triggers sur les vues peuvent aussi être définis pour s'exécuter une fois par requête SQL statement, avant ou après des opérations INSERT, UPDATE ou DELETE. Néanmoins, de tels triggers sont déclenchés seulement s'il existe aussi un trigger INSTEAD OF sur la vue. Dans le cas contraire, toute requête ciblant la vue doit être réécrite en une requête affectant sa (ou ses) table(s) de base. Les triggers déclenchés seront ceux de(s) table(s) de base.

La fonction trigger doit être définie avant que le trigger lui-même puisse être créé. La fonction trigger doit être déclarée comme une fonction ne prenant aucun argument et retournant un type trigger (la fonction trigger reçoit ses entrées via une structure TriggerData passée spécifiquement, et non pas sous la forme d'arguments ordinaires de fonctions).

Une fois qu'une fonction trigger est créée, le trigger est créé avec CREATE TRIGGER. La même fonction trigger est utilisable par plusieurs triggers.

PostgreSQL offre des triggers par ligne et par instruction. Avec un trigger en mode ligne, la fonction du trigger est appelée une fois pour chaque ligne affectée par l'instruction qui a lancé le trigger. Au contraire, un trigger en mode instruction n'est appelé qu'une seule fois lorsqu'une instruction appropriée est exécutée, quelque soit le nombre de lignes affectées par cette instruction. En particulier, une instruction n'affectant aucune ligne résultera toujours en l'exécution de tout trigger en mode instruction applicable. Ces deux types sont quelque fois appelés respectivement des triggers niveau ligne et des triggers niveau instruction. Les triggers sur TRUNCATE peuvent seulement être définis au niveau instruction, et non pas au niveau ligne.

Les triggers sont aussi classifiées suivant qu'ils se déclenchent avant (before), après (after) ou à la place (instead of) de l'opération. Ils sont référencés respectivement comme des triggers BEFORE, AFTER et INSTEAD OF. Les triggers BEFORE au niveau requête se déclenchent avant que la requête ne commence quoi que ce soit alors que les triggers AFTER au niveau requête se déclenchent tout à la fin de la requête. Ces types de triggers peuvent être définis sur les tables, vues et tables externes. Les triggers BEFORE au niveau ligne se déclenchent immédiatement avant l'opération sur une ligne particulière alors que les triggers AFTER au niveau ligne se déclenchent à la fin de la requête (mais avant les triggers AFTER au niveau requête). Ces types de triggers peuvent seulement être définis sur les tables et sur les tables distantes, et non pas sur les vues. Les triggers INSTEAD OF peuvent seulement être définis sur des vues, et seulement au niveau ligne. Ils se déclenchent immédiatement pour chaque ligne de la vue identifiée comme nécessitant une action.

L'exécution d'un trigger AFTER peut être reporté à la fin de la transaction, plutôt qu'à la fin de la requête, s'il a été défini comme un trigger de contrainte. Dans tous les cas, un trigger est exécuté comme faisant partie de la même transaction que la requête qui l'a exécuté, donc si soit la requête soit le trigger renvoie une erreur, l'effet sera une annulation par ROLLBACK.

Si un INSERT contient une clause ON CONFLICT DO UPDATE, il est possible pour les triggers niveau ligne BEFORE INSERT puis BEFORE UPDATE d'être exécutés sur les lignes cibles. De telles interactions peuvent être complexs si les triggers ne sont pas idempotents parce que les modifications réalisées par les triggers BEFORE INSERT seront vus par les triggers BEFORE UPDATE, ceci incluant les modifications sur les colonnes EXCLUDED.

Notez que les triggers UPDATE niveau instruction sont exécutés lorsque la clause ON CONFLICT DO UPDATE est spécifiée, quand bien même aucune ligne ne serait affectée par la commande UPDATE (et même si la commande UPDATE n'est pas exécutée). Une commande INSERT avec une clause ON CONFLICT DO UPDATE exécutera d'abord les triggers niveau instruction BEFORE INSERT, puis les triggers niveau instruction BEFORE UPDATE, suivis par les triggers niveau instruction AFTER UPDATE, puis finalement les triggers niveau instruction AFTER INSERT.

Une instruction qui cible une table parent dans une hiérarchie d'héritage ou de partitionnement ne cause pas le déclenchement des triggers niveau instruction des tables enfants affectées ; seuls les triggers niveau instruction de la table parent sont déclenchés. Néanmoins, les triggers niveau ligne de toute table enfant affectée seront déclenchés.

Si un UPDATE sur une table partitionnée implique le déplacement d'une ligne vers une autre partition, il sera réalisé comme un DELETE de la partition originale, suivi d'un INSERT dans la nouvelle partition. Dans ce cas, les triggers BEFORE UPDATE niveau ligne et tous les triggers BEFORE DELETE niveau ligne sont déclenchés sur la partition originale. Puis tous les triggers BEFORE INSERT niveau ligne sont déclenchés sur la partition destination. La possibilité de résultats surprenants doit être considéré quand tous les triggers affectent la ligne déplacée. En ce qui concerne les triggers AFTER ROW, les triggers AFTER DELETE et AFTER INSERT sont appliqués mais les triggers AFTER UPDATE ne le sont pas car UPDATE a été convertis en un DELETE et un INSERT. Quant aux triggers niveau instruction, aucun des triggers DELETE et INSERT ne sont déclenchés, y compris en cas de déplacement de lignes. Seuls les triggers UPDATE définis sur la table cible utilisés dans une instruction UPDATE seront déclenchés.

Aucun trigger spécifique n'est défini pour MERGE. À la place, des triggers niveau instruction ou niveau ligne sont déclenchés pour les instructions UPDATE, DELETE et INSERT suivant l'action indiquée dans la requête MERGE (pour les triggers niveau instruction) et suivant les actions réellement exécutées (pour les triggers niveau instruction).

Lors de l'exécution d'une commande MERGE, les triggers BEFORE and AFTER au niveau instruction sont déclenchées pour les événements spécifiés dans les actions de la commande MERGE, que l'action soit exécutée ou non au final. C'est identique à l'instruction UPDATE qui ne met à jour aucune ligne, mais pour laquelle, néanmoins, les triggers niveau instruction ont été exécutés. Les triggers niveau ligne sont déclenchés uniquement quand une ligne est réellement mise à jour, insérée ou supprimée. Donc il est parfaitement normal que, bien que les triggers niveau instruction soient déclenchés pour certains types d'action, les triggers niveau ligne ne le soient pas pour les mêmes actions.

Les fonctions triggers appelées par des triggers niveau instruction devraient toujours renvoyer NULL. Les fonctions triggers appelées par des triggers niveau ligne peuvent renvoyer une ligne de la table (une valeur de type HeapTuple) vers l'exécuteur appelant, s'ils le veulent. Un trigger niveau ligne exécuté avant une opération a les choix suivants :

  • Il peut retourner un pointeur NULL pour sauter l'opération pour la ligne courante. Ceci donne comme instruction à l'exécuteur de ne pas exécuter l'opération niveau ligne qui a lancé le trigger (l'insertion, la modification ou la suppression d'une ligne particulière de la table).

  • Pour les triggers INSERT et UPDATE de niveau ligne uniquement, la valeur de retour devient la ligne qui sera insérée ou remplacera la ligne en cours de mise à jour. Ceci permet à la fonction trigger de modifier la ligne en cours d'insertion ou de mise à jour.

Un trigger BEFORE niveau ligne qui ne serait pas conçu pour avoir l'un de ces comportements doit prendre garde à retourner la même ligne que celle qui lui a été passée comme nouvelle ligne (c'est-à-dire : pour des triggers INSERT et UPDATE : la nouvelle (NEW) ligne, et pour les triggers DELETE) : l'ancienne (OLD) ligne .

Un trigger INSTEAD OF niveau ligne devrait renvoyer soit NULL pour indiquer qu'il n'a pas modifié de données des tables de base sous-jacentes de la vue, soit la ligne de la vue qui lui a été passé (la ligne NEW pour les opérations INSERT et UPDATE, ou la ligne OLD pour l'opération DELETE). Une valeur de retour différent de NULL est utilisée comme signal indiquant que le trigger a réalisé les modifications de données nécessaires dans la vue. Ceci causera l'incrémentation du nombre de lignes affectées par la commande. Pour les opérations INSERT et UPDATE seulement, le trigger peut modifier la ligne NEW avant de la renvoyer. Ceci modifiera les données renvoyées par INSERT RETURNING ou UPDATE RETURNING, et est utile quand la vue n'affichera pas exactement les données fournies.

La valeur de retour est ignorée pour les triggers niveau ligne lancés après une opération. Ils peuvent donc renvoyer la valeur NULL.

Certaines considérations s'appliquent pour les colonnes générées. Les colonnes générées sont calculées après les triggers BEFORE et avant les triggers AFTER. De ce fait, la valeur générée peut être inspectée dans les triggers AFTER. Dans les triggers BEFORE, la ligne OLD contient l'ancienne valeur générée, comme on pourrait s'y attendre, mais la ligne NEW ne contient pas encore la nouvelle valeur générée et ne doit pas être accédée. Dans l'interface en langage C, le contenu de la colonne est non défini à ce moment ; un langage de programmation de plus haut niveau doit empêcher l'accès à une colonne générée dans la ligne NEW pour un trigger BEFORE. Les modifications de la valeur d'une colonne générée dans un trigger BEFORE sont ignorées et seront écrasées.

Si plus d'un trigger est défini pour le même événement sur la même relation, les triggers seront lancés dans l'ordre alphabétique de leur nom. Dans le cas de triggers BEFORE et INSTEAD OF, la ligne renvoyée par chaque trigger, qui a éventuellement été modifiée, devient l'argument du prochain trigger. Si un des triggers BEFORE ou INSTEAD OF renvoie un pointeur NULL, l'opération est abandonnée pour cette ligne et les triggers suivants ne sont pas lancés (pour cette ligne).

Une définition de trigger peut aussi spécifier une condition booléenne WHEN qui sera testée pour savoir si le trigger doit bien être déclenché. Dans les triggers de niveau ligne, la condition WHEN peut examiner l'ancienne et la nouvelle valeur des colonnes de la ligne. (les triggers de niveau instruction peuvent aussi avoir des conditions WHEN mais cette fonctionnalité est moins intéressante pour elles). Dans un trigger avant, la condition WHEN est évaluée juste avant l'exécution de la fonction, donc l'utilisation de WHEN n'est pas réellement différente du test de la même condition au début de la fonction trigger. Néanmoins, dans un tigger AFTER, la condition WHEN est évaluée juste avant la mise à jour de la ligne et détermine si un événement va déclencher le trigger à la fin de l'instruction. Donc, quand la condition WHEN d'un trigger AFTER ne renvoie pas true, il n'est pas nécessaire de mettre en queue un événement ou de récupérer de nouveau la ligne à la fin de l'instruction. Ceci permet une amélioration conséquente des performances pour les instructions qui modifient un grand nombre de lignes si le trigger a seulement besoin d'être exécuté que sur quelques lignes. Les triggers INSTEAD OF n'acceptent pas les conditions WHEN.

Les triggers BEFORE en mode ligne sont typiquement utilisés pour vérifier ou modifier les données qui seront insérées ou mises à jour. Par exemple, un trigger BEFORE pourrait être utilisé pour insérer l'heure actuelle dans une colonne de type timestamp ou pour vérifier que deux éléments d'une ligne sont cohérents. Les triggers AFTER en mode ligne sont pour la plupart utilisés pour propager des mises à jour vers d'autres tables ou pour réaliser des tests de cohérence avec d'autres tables. La raison de cette division du travail est qu'un trigger AFTER peut être certain qu'il voit la valeur finale de la ligne alors qu'un trigger BEFORE ne l'est pas ; il pourrait exister d'autres triggers BEFORE qui seront exécutés après lui. Si vous n'avez aucune raison spéciale pour le moment du déclenchement, le cas BEFORE est plus efficace car l'information sur l'opération n'a pas besoin d'être sauvegardée jusqu'à la fin du traitement.

Si une fonction trigger exécute des commandes SQL, alors ces commandes peuvent lancer à leur tour des triggers. On appelle ceci un trigger en cascade. Il n'y a pas de limitation directe du nombre de niveaux de cascade. Il est possible que les cascades causent un appel récursif du même trigger ; par exemple, un trigger INSERT pourrait exécuter une commande qui insère une ligne supplémentaire dans la même table, entraînant un nouveau lancement du trigger INSERT. Il est de la responsabilité du programmeur d'éviter les récursions infinies dans de tels scénarios.

Si une clé étrangère indique des actions référentielles (autrement dit, des mises à jour ou des suppressions en cascade), ces actions seront réalisées via des commandes SQL ordinaires de mise jour ou de suppression sur la table référençante. En particulier, tout trigger qui existe sur la table référençante sera déclenché pour ces modifications. Si un trigger modifie ou bloque l'effet d'une de ces commandes, le résultat final pourrait casser l'intégrité référentielle. C'est de la responsabilité du développeur du trigger d'éviter cela.

Quand un trigger est défini, des arguments peuvent être spécifiés pour lui. L'objectif de l'inclusion d'arguments dans la définition du trigger est de permettre à différents triggers ayant des exigences similaires d'appeler la même fonction. Par exemple, il pourrait y avoir une fonction trigger généralisée qui prend comme arguments deux noms de colonnes et place l'utilisateur courant dans l'une et un horodatage dans l'autre. Correctement écrit, cette fonction trigger serait indépendante de la table particulière sur laquelle il se déclenche. Ainsi, la même fonction pourrait être utilisée pour des événements INSERT sur n'importe quelle table ayant des colonnes adéquates, pour automatiquement suivre les créations d'enregistrements dans une table de transactions par exemple. Elle pourrait aussi être utilisée pour suivre les dernières mises à jours si elle est définie comme un trigger UPDATE.

Chaque langage de programmation supportant les triggers a sa propre méthode pour rendre les données en entrée disponible à la fonction du trigger. Cette donnée en entrée inclut le type d'événement du trigger (c'est-à-dire INSERT ou UPDATE) ainsi que tous les arguments listés dans CREATE TRIGGER. Pour un trigger niveau ligne, la donnée en entrée inclut aussi la ligne NEW pour les triggers INSERT et UPDATE et/ou la ligne OLD pour les triggers UPDATE et DELETE.

Par défaut, les triggers niveau instruction n'ont aucun moyen d'examiner le ou les lignes individuelles modifiées par la requête. Mais un trigger AFTER STATEMENT peut demander que des tables de transition soient créées pour rendre disponible les ensembles de lignes affectées au trigger. AFTER ROW peut aussi demander les tables de transactions, pour accéder au changement global dans la table, ainsi qu'au changement de lignes individuelles pour lesquels ils ont été déclenchés. La méthode d'examen des tables de transition dépend là-aussi du langage de programmation utilisé mais l'approche typique est de transformer les tables de transition en tables temporaires en lecture seule pouvant être accédées par des commandes SQL lancées par la fonction trigger.