Le module amcheck
fournit des fonctions vous permettant
de vérifier la cohérence logique de la structure des relations.
Les fonctions spécifiques aux B-Tree vérifient diverses propriétés
invariantes dans la structure de la représentation de certaines
relations. La justesse des fonctions des accès aux données durant les
parcours d'index et d'autres opérations importantes reposent sur le fait
que ces propriétés invariantes sont toujours vraies. Par exemple, certaines
fonctions vérifient, entre autres choses, que tous les blocs d'index B-Tree
ont leurs éléments dans un ordre « logique » (par exemple, pour
des index B-Tree sur un type text
, les lignes de l'index
devraient être triées dans l'ordre alphabétique défini par la collation).
Si, pour une raison ou une autre, cette propriété invariante spécifique
n'est plus vérifiée, il faut s'attendre à ce que des recherches binaires
sur la page affectée renseignent de manière erronée les parcours d'index,
avec pour conséquence des résultats de requêtes SQL erronés. Si la
structure semble valide, aucune erreur n'est levée. Lors de l'exécution
de ces fonctions de vérification, le paramètre search_path est modifié temporairement en
pg_catalog, pg_temp
.
La vérification est réalisée en utilisant les même procédures que celles utilisées par les parcours d'index eux-mêmes, qui peuvent très bien être du code pour une classe d'opérateur utilisateur. Par exemple, la vérification d'index B-Tree s'appuie sur les comparaisons faites avec une ou plusieurs routines pour la fonction de support 1. Voir Section 36.16.3 pour plus de détail sur les fonctions de support des classes d'opérateur.
À la différence des fonctions de vérification B-Tree qui rapportent la
corruption en remontant des erreurs, la fonction de vérification de table
verify_heapam
vérifie une table et tente de renvoyer
un ensemble de lignes, une par corruption détectée. Malgré tout, si des
installations, se reposant sur la fonction
verify_heapam
, sont elles-mêmes corrompues, la
fonction pourrait ne pas être capable de continuer et leverait une erreur.
Le droit d'exécuter les fonctions amcheck
peut être
accordée aux utilisateurs normaux, sans attribut
SUPERUSER
, mais avant de donner ce permission, de
prudentes considérations doivent être prises concernant la sécurité des
données et les problèmes de confidentialité. Bien que les rapports de
corruption générés par ces fonctions ne se focalisent pas tant sur le
contenu des données corrompues que sur la structure de ces données et la
nature de la corruption détectée, un attaquant qui gagnerait le droit
d'exécuter ces fonctions, tout particulièrement si l'attaquant peut aussi
causer de la corruption, pourrait être capable de déduire quelque chose des
données elles-mêmes dans les messages.
bt_index_check(index regclass, heapallindexed boolean, checkunique boolean) returns void
bt_index_check
vérifie que sa cible, un index
B-Tree, respecte un éventail de propriétés invariables. Exemple
d'utilisation :
test=# SELECT bt_index_check(index => c.oid, heapallindexed => i.indisunique), c.relname, c.relpages FROM pg_index i JOIN pg_opclass op ON i.indclass[0] = op.oid JOIN pg_am am ON op.opcmethod = am.oid JOIN pg_class c ON i.indexrelid = c.oid JOIN pg_namespace n ON c.relnamespace = n.oid WHERE am.amname = 'btree' AND n.nspname = 'pg_catalog' -- Ignore les tables temporaires, qui peuvent appartenir à d'autres sessions AND c.relpersistence != 't' -- La fonction peut renvoyer une erreur si cela est omis : AND c.relkind = 'i' AND i.indisready AND i.indisvalid ORDER BY c.relpages DESC LIMIT 10; bt_index_check | relname | relpages ----------------+---------------------------------+---------- | pg_depend_reference_index | 43 | pg_depend_depender_index | 40 | pg_proc_proname_args_nsp_index | 31 | pg_description_o_c_o_index | 21 | pg_attribute_relid_attnam_index | 14 | pg_proc_oid_index | 10 | pg_attribute_relid_attnum_index | 9 | pg_amproc_fam_proc_index | 5 | pg_amop_opr_fam_index | 5 | pg_amop_fam_strat_index | 5 (10 rows)
Cet exemple montre une session qui vérifie les 10 plus gros index du
catalogue de la base de données « test ». La vérification de
la présence des lignes de la table dans l'index est demandée pour le
sous-ensemble des index uniques. Puisqu'aucune erreur n'est retournée,
tous les index testés semblent être cohérents au niveau logique. Bien
évidemment, cette requête pourrait être facilement modifiée pour
appeler bt_index_check
sur chacun des index
présents dans la base de données pour lesquels la vérification est
supportée.
bt_index_check
acquiert un
AccessShareLock
sur l'index cible ainsi que sur la
relation à laquelle il appartient. Ce niveau de verrouillage est le
même que celui acquis sur les relations lors d'une simple requête
SELECT
. bt_index_check
ne
vérifie pas les propriétés invariantes qui englobent les relations
enfant/parent, mais vérifiera la présence de toutes les lignes de la
table et des lignes d'index à l'intérieur de l'index quand
heapallindexed
vaut true
.
Quand checkunique
vaut true
,
la fonction bt_index_check
vérifiera que pas
plus d'une entrée dupliquée n'est visible dans un index d'unicité.
Quand il faut lancer un test de recherche de corruption, de routine et
pas trop lourd, sur un environnement de production, l'utilisation de
bt_index_check
offre généralement le meilleur
compromis entre vérification minutieuse et impact limité sur les
performances et la disponibilité de l'application.
bt_index_parent_check(index regclass, heapallindexed boolean, rootdescend boolean, checkunique boolean) returns void
bt_index_parent_check
teste que sa cible, un index
B-Tree, respecte un certain nombre de propriétés invariantes. En
option, quand l'argument heapallindexed
vaut
true
, la fonction vérifie la présence de toutes les
lignes dans la table.
Quand checkunique
vaut true
,
la fonction bt_index_parent_check
vérifiera que pas
plus d'une entrée dupliquée n'est visible dans un index d'unicité.
Quand l'argument optionnel
rootdescend
vaut true
, la
vérification recherche de nouveau les lignes au niveau des feuilles en
réalisant une nouvelle recherche à partir de la racine pour chaque
ligne. Les vérifications réalisables par
bt_index_parent_check
sont un sur-ensemble des
vérifications réalisées par bt_index_check
. On
peut voir bt_index_parent_check
comme une version
plus minutieuse de bt_index_check
:
contrairement à bt_index_check
,
bt_index_parent_check
vérifie également les
propriétés invariantes qui englobent les relations parent/enfant, et la
présence de tous les liens dans la structure de l'index.
bt_index_parent_check
respecte la convention
habituelle qui consiste à renvoyer une erreur si une incohérence ou
tout autre problème est détecté.
Un verrou de type ShareLock
est requis sur l'index
ciblé par bt_index_parent_check
(un ShareLock
est également acquis sur la relation
associée). Ces verrous empêchent des modifications concurrentes par des
commandes INSERT
, UPDATE
et
DELETE
. Les verrous empêchent également la relation
associée d'être traitée de manière concurrente par
VACUUM
, ainsi que toute autre commande
d'administration. Il est à noter que cette fonction ne conserve les
verrous uniquement que durant son exécution et non pas durant
l'intégralité de la transaction.
La vérification supplémentaire qu'opère
bt_index_parent_check
est plus apte à détecter
différents cas pathologiques. Ces cas peuvent impliquer une classe
d'opérateur B-Tree implémentée de manière incorrecte utilisée pour
l'index vérifié, ou, hypothétiquement, des bugs non encore découverts
dans le code de la méthode d'accès associée à cet index B-Tree. Il est
à noter que bt_index_parent_check
ne peut pas être
utilisé lorsque le mode Hot Standby est activé (c'est-à-dire, sur un
serveur secondaire disponible en lecture seule), contrairement à
bt_index_check
.
Les fonctions bt_index_check
et
bt_index_parent_check
journalisent toutes les deux
des messages sur la vérification, au niveau de sévérité
DEBUG1
et DEBUG2
. Ces messages
fournissent des informations détaillées sur la vérification, exploitables
par les développeurs PostgreSQL. Les
utilisateurs avancés peuvent aussi trouver ces informations utiles, car
elles fournissent du contexte additionnel si jamais la vérification
détecte une incohérence. Exécuter
SET client_min_messages = DEBUG1;
dans une session interactive, psql, avant d'exécuter une requête de vérification, va afficher les messages sur sa progression avec un niveau de détail raisonnable.
verify_heapam(relation regclass,
on_error_stop boolean,
check_toast boolean,
skip text,
startblock bigint,
endblock bigint,
blkno OUT bigint,
offnum OUT integer,
attnum OUT integer,
msg OUT text)
returns setof record
Vérifie une table, une séquence ou une vue matérialisée sur des corruptions structurelles, où les pages de relation contiennent des données au format invalide, et sur des corruptions logiques, où les pages sont valides structurellement mais incohérentes avec le reste de l'instance de base de données.
Les arguments optionnels suivants sont reconnus :
on_error_stop
Si true, la vérification de corruption s'arrête à la fin du premier bloc dans lequel de la corruption est trouvée.
La valeur par défaut est false.
check_toast
Si true, les valeurs TOAST sont vérifiées sur la table TOAST de la relation cible.
Cette option est connue pour être lente. Aussi, si une table TOAST ou un de ses index est corrompu, vérifier les valeurs TOAST peut, en théorie, faire tomber le serveur. Cependant dans la majorité des cas, cela produira juste une erreur.
La valeur par défaut est false.
skip
Si ce paramètre n'est pas mis à none
, la
vérification de corruption saute les blocs qui sont marqués tous
visibles ou tous gelés, comme définie par la valeur de l'option. Les
options valides sont all-visible
,
all-frozen
et none
.
La valeur par défaut est none
.
startblock
Si indiquée, la vérication de corruption commence au bloc spécifié,
sautant tous les blocs précédents. Si startblock
est spécifiée à une valeur en dehors de la plage des blocs de la
table cible, une erreur est renvoyée.
Par défaut, la vérification débute au premier bloc.
endblock
Si indiquée, la vérification de corruption termine à ce bloc,
ignorant tous les blocs restant. Spécifier un
endblock
en dehors de la plage des blocs d'une
table cible renvoie une erreur.
Par défaut, tous les blocs sont vérifiés.
Pour chaque corruption détectée, verify_heapam
renvoie une ligne avec les colonnes suivantes :
blkno
Le numéro de bloc contenant le bloc corrompu.
offnum
Le décalage pour la ligne corrompue.
attnum
Le numéro d'attribut de la colonne corrompue dans la ligne, si la corruption est spécifique à la colonne et non pas à la ligne en entier.
msg
Un message décrivant le problème détecté.
heapallindexed
#
Quand l'argument heapallindexed
des fonctions de
vérification des B-Tree est à true
, une phase de
vérification supplémentaire est opérée sur la table associée à l'index
cible. Elle consiste en une opération CREATE INDEX
« bidon » qui vérifie la présence de tous les nouveaux
enregistrements hypothétiques d'index dans une structure de récapitulation
temporaire et en mémoire (elle est construite au besoin durant la première
phase de la vérification). Cette structure de récapitulation prend
l'« empreinte digitale » de chaque enregistrement rencontré
dans l'index cible. Le principe directeur derrière la vérification
heapallindexed
est qu'un nouvel index équivalent à
l'index cible existant ne doit avoir que des entrées que l'on peut trouver
dans la structure existante.
La phase heapallindexed
supplémentaire a un coût
significatif : typiquement, la vérification peut être plusieurs fois
plus longue. Cependant, il n'y a pas de changement quant aux verrous
acquis au niveau de la table quand on opère une vérification
heapallindexed
.
La structure de récapitulation est limitée en taille par
maintenance_work_mem
. Pour s'assurer que la probabilité
de rater une incohérence ne dépasse 2 % pour chaque enregistrement
qui devrait être dans l'index, il faut environ 2 octets de mémoire par
enregistrement. Quand moins de mémoire est disponible par enregistrement,
la probabilité de manquer une incohérence augmente lentement. Cette
approche limite significativement le coût de la vérification, tout en
réduisant légèrement la probabilité de détecter un problème,
particulièrement sur les installations où la vérification est traitée
comme une opération de maintenance de routine. Tout enregistrement absent
ou déformé a une nouvelle chance d'être détecté avec chaque lancement de
la vérification.
amcheck
efficacement #
amcheck
peut être efficace pour détecter différents
types de modes d'échec que les sommes de
contrôle n'arriveront jamais à détecter. Cela
inclut :
Les incohérences dans la structure causées par des implémentations incorrectes de classe d'opérateur.
Cela inclut également des problèmes causés par le changement des règles
de comparaison des collations du système d'exploitation. Les
comparaisons des données d'un type ayant une collation comme
text
doivent être immuables (tout comme toutes les autres
comparaisons utilisées pour les parcours d'index B-Tree doivent être
immuables), ce qui implique que les règles de collation du système
d'exploitation ne doivent jamais changer. Bien que cela soit rare, des
mises à jour des règles des collations du système d'exploitation
peuvent causer ces problèmes. Plus généralement, une incohérence dans
l'ordre de collation entre un serveur primaire et son réplicat est
impliqué, peut-être parce que la version majeure
du système d'exploitation utilisée est différente. De telles
incohérences ne surviendront généralement que sur des serveurs
secondaires, et ne pourront par conséquent être détectées que là.
Si un tel problème survient, il se peut que cela n'affecte pas chaque index qui utilise le tri d'une collation affectée, tout simplement parce que les valeurs indexées pourraient avoir le même ordre de tri absolu indépendamment des incohérences comportementales. Voir Section 23.1 et Section 23.2 pour plus de détails sur comment PostgreSQL utilise les locales et collations du système d'exploitation.
Les incohérences dans la structure entre les index et les tables
indexées (lorsque la vérification heapallindexed
est réalisée).
Il n'y a pas de vérification avec la table initiale en temps normal. Les symptômes d'une corruption de la table peuvent être subtils.
La corruption causée par un hypothétique bug non encore découvert dans le code de la méthode d'accès dans PostgreSQL, dans le code effectuant le tri ou le code de gestion transactionnelle.
La vérification automatique de l'intégrité structurelle des index joue
un rôle dans les tests généraux des fonctionnalités de
PostgreSQL, nouvelles ou proposées, qui
pourraient possiblement permettre l'introduction d'incohérences
logiques. La vérification de la structure de la table et des
informations de visibilité et de statut des transactions associées joue
un rôle similaire. Une stratégie de test évidente est d'appeler les
fonctions d'amcheck
de manière continue en même
temps que les tests de régression standards sont lancés. Voir Section 31.1 pour plus de détails sur comment lancer les
tests.
Les failles dans le système de fichiers ou dans le sous-système de stockage quand les sommes de contrôles ne sont pas activées.
Il est à noter que amcheck
n'examine une page que
telle qu'elle se présente dans un tampon en mémoire partagée lors de la
vérification, et qu'en accédant au bloc dans la mémoire partagée. Par
conséquent, amcheck
n'examine pas forcément les
données lues depuis le système de fichiers au moment de la
vérification. Notez que si les sommes de contrôles sont activées,
amcheck
peut lever une erreur de somme de contrôle
incorrecte quand un bloc corrompu est lu vers un tampon.
Les corruptions causée par une RAM défaillante, et plus largement le sous-système mémoire et le système d'exploitation.
PostgreSQL ne protège pas contre les erreurs mémoire corrigibles, et il est supposé que vous utilisez de la mémoire RAM de standard industriel ECC (Error Correcting Codes) ou avec une meilleure protection. Cependant, la mémoire ECC n'est typiquement immunisée que contre les erreurs d'un seul bit, et il ne faut pas partir du principe que ce type de mémoire fournit une protection absolue contre les défaillances provoquant une corruption de la mémoire.
Quand la vérification heapallindexed
est
réalisée, il y a une chance fortement accrue de détecter des erreurs
d'un bit car l'égalité binaire stricte est testée et les attributs
indexés de la table sont testés.
La corruption structurelle peut survenir par un stockage matériel défectueux, ou par des fichiers de relation réécrits ou modifiés par un logiciel sans rapport. Ce type de corruption peut aussi être détecté avec les sommes de contrôle des fichiers de données.
Des pages de relation qui sont correctement formatées, internalement cohérentes, et correctes par rapport à leurs propres sommes de contrôle internes, peuvent encore contenir de la corruption logique. Par conqéquent, ce type de corruption ne peut pas être détecté avec checksums. Des exemples incluent les valeurs TOAST dans la table principale pour lesquelles il manque l'entrée correspondante dans la table TOAST, et les lignes dans la table principale avec un identifiant de transaction plus ancien que le plus ancien identifiant de transaction valide dans la base de données ou l'instance.
De multiples causes de corruption logique ont été observées sur des systèmes en production, incluant des bugs dans le logiciel serveur PostgreSQL, des erreurs ou mauvaises conceptions dans des outils de sauvegarde et restauration, et des erreurs utilisateur.
Les relations corrompues sont plus préoccupantes sur des environnements de
production en cours, plus particulièrement ceux où les risques d'activités
fortes sont les moins tolérés. Pour cette raison,
verify_heapam
a été conçue pour diagnotisquer la
corruption sans risque. Elle ne peut pas protéger contre toutes les causes
de crash de processus serveur, car même exécuter la requête appelante
pourrait ne pas être sûr sur un système notablement corrompu. L'accès au
tables du catalogue est effectué
et peut poser problème si le catalogue lui-même est corrompu.
De manière générale, amcheck
ne peut que prouver la
présence d'une corruption ; il ne peut pas en prouver l'absence.
Aucune erreur concernant une corruption remontée par
amcheck
ne devrait être un faux positif.
amcheck
remonte des erreurs dans le cas où des
conditions, par définition, ne devraient jamais arriver, et par conséquent
une analyse minutieuse des erreurs remontées par
amcheck
est souvent nécessaire.
Il n'y a pas de méthode générale pour réparer les problèmes que
amcheck
détecte. Une explication de la cause
principale menant à ce que la propriété invariante soit violée devrait
être étudiée. pageinspect peut jouer un rôle utile dans
le diagnostic de la corruption qu'amcheck
détecte. Un
REINDEX
peut échouer à réparer la corruption.