PostgreSQL implante l'héritage des tables, qui peut s'avérer très utile pour les concepteurs de bases de données. (SQL:1999 et les versions suivantes définissent une fonctionnalité d'héritage de type qui diffère par de nombreux aspects des fonctionnalités décrites ici.)
Soit l'exemple d'un modèle de données de villes. Chaque état comporte
plusieurs villes, mais une seule capitale. Pour récupérer rapidement la
ville capitale d'un état donné, on peut créer deux tables, une pour les
capitales et une pour les villes qui ne sont pas des capitales. Mais, que
se passe-t-il dans le cas où toutes les données d'une ville doivent être
récupérées, qu'elle soit une capitale ou non ? L'héritage peut aider
à résoudre ce problème. La table capitales
est
définie pour hériter de villes
:
CREATE TABLE villes ( nom text, population float, elevation int -- (en pied) ); CREATE TABLE capitales ( etat char(2) ) INHERITS (villes);
Dans ce cas, la table capitales
hérite de toutes les colonnes de sa table parente,
villes
. Les capitales ont aussi une colonne
supplémentaire, etat
, qui indique l'état dont
elles sont capitales.
Dans PostgreSQL, une table peut hériter de zéro à plusieurs autres tables et une requête faire référence aux lignes d'une table ou à celles d'une table et de ses descendantes. Ce dernier comportement est celui par défaut.
Par exemple, la requête suivante retourne les noms et élévations de toutes les villes, y compris les capitales, situées à une élévation supérieure à 500 pieds :
SELECT nom, elevation FROM villes WHERE elevation > 500;
Avec les données du tutoriel de PostgreSQL (voir Section 2.1), ceci renvoie :
nom | elevation -----------+----------- Las Vegas | 2174 Mariposa | 1953 Madison | 845
D'un autre côté, la requête suivante retourne les noms et élévations de toutes les villes, qui ne sont pas des capitales, situées à une élévation supérieure à 500 pieds :
SELECT nom, elevation FROM ONLY villes WHERE elevation > 500; nom | elevation -----------+----------- Las Vegas | 2174 Mariposa | 1953
Le mot-clé ONLY
indique que la requête s'applique
uniquement aux villes
, et non pas à toutes les
tables en dessous de villes
dans la hiérarchie de
l'héritage. Un grand nombre des commandes déjà évoquées --
SELECT
, UPDATE
et
DELETE
-- supportent le mot-clé
ONLY
.
Vous pouvez aussi écrire le nom de la table avec un astérisque
(*
) à la fin pour indiquer spécifiquement que les
tables filles sont incluses :
SELECT name, elevation FROM cities* WHERE elevation > 500;
Écrire l'astérisque (*
) n'est pas nécessaire, puisque ce
comportement est toujours le comportement par défaut. Toutefois, cette
syntaxe est toujours supportée pour raison de compatibilité avec les
anciennes versions où le comportement par défaut pouvait être changé.
Dans certains cas, il peut être intéressant de savoir de quelle table
provient une ligne donnée. Une colonne système appelée
TABLEOID
, présente dans chaque table, donne la
table d'origine :
SELECT v.tableoid, v.nom, v.elevation FROM villes v WHERE v.elevation > 500;
qui renvoie :
tableoid | nom | elevation ----------+-----------+----------- 139793 | Las Vegas | 2174 139793 | Mariposa | 1953 139798 | Madison | 845
(Reproduire cet exemple conduit probablement à des OID numériques
différents). Une jointure avec pg_class
, permet
d'obtenir les noms réels des tables :
SELECT p.relname, v.nom, v.elevation FROM villes v, pg_class p WHERE v.elevation > 500 AND v.tableoid = p.oid;
ce qui retourne :
relname | nom | elevation -----------+-----------+----------- villes | Las Vegas | 2174 villes | Mariposa | 1953 capitales | Madison | 845
Une autre manière d'obtenir le même effet est d'utiliser le pseudo-type
regclass
qui affichera l'OID de la table de façon
symbolique :
SELECT v.tableoid::regclass, v.nom, v.elevation FROM villes v WHERE v.elevation > 500;
L'héritage ne propage pas automatiquement les données des commandes
INSERT
ou COPY
aux autres tables de
la hiérarchie de l'héritage. Dans l'exemple considéré, l'instruction
INSERT
suivante échoue :
INSERT INTO villes (nom, population, elevation, etat) VALUES ('Albany', NULL, NULL, 'NY');
On pourrait espérer que les données soient d'une manière ou d'une autre
acheminées vers la table capitales
, mais ce n'est
pas le cas : INSERT
insère toujours dans la table
indiquée. Dans certains cas, il est possible de rediriger l'insertion en
utilisant une règle (voir Chapitre 39). Néanmoins, cela n'est
d'aucune aide dans le cas ci-dessus, car la table
villes
ne contient pas la colonne
etat
. La commande est donc rejetée avant que la
règle ne puisse être appliquée.
Toutes les contraintes de vérification et toutes les contraintes
NOT NULL
sur une table parent sont automatiquement
héritées par les tables enfants, sauf si elles sont spécifiées
explicitement avec des clauses NO INHERIT
. Les autres
types de contraintes (unicité, clé primaire, clé étrangère) ne sont pas
hérités.
Une table peut hériter de plusieurs tables, auquel cas elle possède l'union des colonnes définies par les tables mères. Toute colonne déclarée dans la définition de la table enfant est ajoutée à cette dernière. Si le même nom de colonne apparaît dans plusieurs tables mères, ou à la fois dans une table mère et dans la définition de la table enfant, alors ces colonnes sont « assemblées » pour qu'il n'en existe qu'une dans la table enfant. Pour être assemblées, les colonnes doivent avoir le même type de données, sinon une erreur est levée. Les contraintes de vérification et les contraintes non NULL héritables sont assemblées de façon similaire. De ce fait, par exemple, une colonne assemblée sera marquée non NULL si une des définitions de colonne d'où elle provient est marquée non NULL. Les contraintes de vérification sont assemblées si elles ont le même nom, et l'assemblage échouera si leurs conditions sont différentes.
L'héritage de table est établi à la création de la table enfant, à l'aide
de la clause INHERITS
de l'instruction CREATE TABLE
.
Alternativement, il est possible d'ajouter à une table, définie de façon
compatible, une nouvelle relation de parenté à l'aide de la clause
INHERIT
de ALTER TABLE
. Pour cela,
la nouvelle table enfant doit déjà inclure des colonnes de mêmes nom et de
même type que les colonnes de la table parent. Elle doit aussi contenir
des contraintes de vérification de mêmes nom et expression que celles de
la table parent.
De la même façon, un lien d'héritage peut être supprimé d'un enfant à
l'aide de la variante NO INHERIT
d'ALTER
TABLE
. Ajouter et supprimer dynamiquement des liens d'héritage
de cette façon est utile quand cette relation d'héritage est utilisée pour
le partitionnement des tables (voir Section 5.12).
Un moyen pratique de créer une table compatible en vue d'en faire
ultérieurement une table enfant est d'utiliser la clause
LIKE
dans CREATE TABLE
. Ceci crée
une nouvelle table avec les mêmes colonnes que la table source. S'il
existe des contraintes CHECK
définies sur la table
source, l'option INCLUDING CONSTRAINTS
de
LIKE
doit être indiquée, car le nouvel enfant doit
avoir des contraintes qui correspondent à celles du parent pour être
considéré compatible.
Une table mère ne peut pas être supprimée tant qu'elle a des enfants. De
même, les colonnes ou les contraintes de vérification des tables enfants
ne peuvent être supprimées ou modifiées si elles sont héritées. La
suppression d'une table et de tous ses descendants peut être aisément
obtenue en supprimant la table mère avec l'option
CASCADE
(voir Section 5.15).
ALTER TABLE
propage toute modification dans les
définitions des colonnes et contraintes de vérification à travers la
hiérarchie d'héritage. Là encore, supprimer des colonnes qui dépendent
d'autres tables mères n'est possible qu'avec l'option
CASCADE
. ALTER TABLE
suit les mêmes
règles d'assemblage de colonnes dupliquées et de rejet que l'instruction
CREATE TABLE
.
Les requêtes sur tables héritées réalisent des vérifications de droit sur
la table parent seulement. De ce fait, par exemple, donner le droit
UPDATE
sur la table villes
implique que les droits de mise à jour des lignes dans la table
capitales
soient elles aussi vérifiées quand
elles sont accédées via la table villes
. Ceci
préserve l'apparence que les données proviennent (aussi) de la table
parent. Mais la table capitales
ne pouvait pas
être mise à jour directement sans droit supplémentaire. De façon
similaire, les politiques de sécurité au niveau ligne de la table parent
(voir Section 5.9) sont appliquées aux lignes
provenant des tables filles avec une requête héritée. Les politiques de
tables enfant sont appliquées seulement quand la table enfant est
explicitement nommée dans la requête. Dans ce cas, toute politique
attachée à ses parents est ignorée.
Les tables distantes (voir Section 5.13) peuvent aussi participer aux hiérarchies d'héritage, soit comme table parent, soit comme table enfant, comme les tables standards peuvent l'être. Si une table distante fait partie d'une hiérarchie d'héritage, toutes les opérations non supportées par la table étrangère ne sont pas non plus supportées sur l'ensemble de la hiérarchie.
Notez que toutes les commandes SQL fonctionnent avec les héritages. Les
commandes utilisées pour récupérer des données, pour modifier des données
ou pour modifier le schéma (autrement dit SELECT
,
UPDATE
, DELETE
, la plupart des
variantes de ALTER TABLE
, mais pas
INSERT
ou ALTER TABLE ... RENAME
)
incluent par défaut les tables filles et supportent la notation
ONLY
pour les exclure. Les commandes qui font de la
maintenance de bases de données et de la configuration (par exemple
REINDEX
, VACUUM
) fonctionnent
typiquement uniquement sur les tables physiques, individuelles et ne
supportent pas la récursion sur les tables de l'héritage. Le comportement
respectif de chaque commande individuelle est documenté dans la référence
(Commandes SQL).
Il existe une réelle limitation à la fonctionnalité d'héritage : les index (dont les contraintes d'unicité) et les contraintes de clés étrangères ne s'appliquent qu'aux tables mères, pas à leurs héritiers. Cela est valable pour le côté référençant et le côté référencé d'une contrainte de clé étrangère. Ce qui donne, dans les termes de l'exemple ci-dessus :
si villes
.nom
est
déclarée UNIQUE
ou clé primaire
(PRIMARY KEY
), cela n'empêche pas la table
capitales
de posséder des lignes avec des
noms dupliqués dans villes
. Et ces lignes
dupliquées s'affichent par défaut dans les requêtes sur
villes
. En fait, par défaut,
capitales
n'a pas de contrainte d'unicité du
tout et, du coup, peut contenir plusieurs lignes avec le même nom. Une
contrainte d'unicité peut être ajoutée à
capitales
, mais cela n'empêche pas la
duplication avec villes
;
de façon similaire, si
villes
.nom
fait
référence (REFERENCES
) à une autre table, cette
contrainte n'est pas automatiquement propagée à
capitales
. Il est facile de contourner ce cas
de figure en ajoutant manuellement la même contrainte
REFERENCES
à
capitales
;
si une autre table indique REFERENCES villes
(nom)
, cela l'autorise à contenir les noms des villes, mais
pas les noms des capitales. Il n'existe pas de contournement efficace
de ce cas.
Certaines fonctionnalité non implémentées pour l'héritage le sont pour le partitionnement déclaratif. Réfléchissez soigneusement avant de décider de l'utilité de l'ancien partitionnement par héritage pour votre application.