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Documentation PostgreSQL 17.1 » Langage SQL » Définition des données » Partitionnement de tables

5.12. Partitionnement de tables #

PostgreSQL offre un support basique du partitionnement de table. Cette section explique pourquoi et comment implanter le partitionnement lors de la conception de la base de données.

5.12.1. Aperçu #

Le partitionnement fait référence à la division d'une table logique volumineuse en plusieurs parties physiques plus petites. Le partitionnement comporte de nombreux avantages :

  • les performances des requêtes peuvent être significativement améliorées dans certaines situations, particulièrement lorsque la plupart des lignes fortement accédées d'une table se trouvent sur une seule partition ou sur un petit nombre de partitions. Le partitionnement se substitue aux niveaux élevés de index, facilitant la tenue en mémoire des parties les plus utilisées de l'index ;

  • lorsque les requêtes ou les mises à jour accèdent à un pourcentage important d'une seule partition, les performances peuvent être grandement améliorées par l'utilisation avantageuse d'un parcours séquentiel sur cette partition plutôt que d'utiliser un index qui nécessiterait des lectures aléatoires réparties sur toute la table ;

  • les chargements et suppressions importants de données peuvent être obtenus par l'ajout ou la suppression de partitions, sous réserve que ce besoin ait été pris en compte lors de la conception du partitionnement. Supprimer une partition individuelle en utilisant DROP TABLE ou en exécutant ALTER TABLE DETACH PARTITION est bien plus rapide qu'une opération groupée. Cela évite également la surcharge due au VACUUM causé par un DELETE massif ;

  • les données peu utilisées peuvent être déplacées sur un média de stockage moins cher et plus lent.

Ces bénéfices ne sont réellement intéressants que si cela permet d'éviter une table autrement plus volumineuse. Le point d'équilibre exact à partir duquel une table tire des bénéfices du partitionnement dépend de l'application. Toutefois, le partitionnement doit être envisagé si la taille de la table peut être amenée à dépasser la taille de la mémoire physique du serveur.

PostgreSQL offre un support natif pour les formes suivantes de partitionnement :

Partitionnement par intervalles #

La table est partitionnée en « intervalles » (ou échelles) définis par une colonne clé ou par un ensemble de colonnes clés, sans recouvrement entre les intervalles de valeurs affectées aux différentes partitions. Il est possible, par exemple, de partitionner par intervalles de date ou par intervalles d'identifiants pour des objets métier particuliers. Chaque limite de l'intervalle est comprise comme étant inclusive au point initial et exclusive au point final. Par exemple, si l'intervalle d'une partition va de 1 à 10, et que le prochain intervalle va de 10 à 20, alors la valeur 10 appartient à la deuxième partition, et non pas à la première.

Partitionnement par liste #

La table est partitionnée en listant explicitement les valeurs clés qui apparaissent dans chaque partition.

Partitionnement par hachage #

La table est partitionnée en spécifiant un modulo et un reste pour chaque partition. Chaque partition contiendra les lignes pour lesquelles la valeur de hachage de la clé de partition divisée par le modulo spécifié produira le reste spécifié.

Si votre application nécessite d'utiliser d'autres formes de partitionnement qui ne sont pas listées au-dessus, des méthodes alternatives comme l'héritage et des vues UNION ALL peuvent être utilisées à la place. De telles méthodes offrent de la flexibilité, mais n'ont pas certains des bénéfices de performance du partitionnement déclaratif natif.

5.12.2. Partitionnement déclaratif #

PostgreSQL donne un moyen de déclarer qu'une table est divisée en partitions. La table qui est divisée est appelée table partitionnée. La déclaration inclut la méthode de partitionnement, comme décrite ci-dessus, et une liste de colonnes ou d'expressions à utiliser comme clé de partitionnement.

La table partitionnée est elle-même une table « virtuelle » sans stockage propre. À la place, le stockage se fait dans les partitions, qui sont en fait des tables ordinaires mais associées à la table partitionnée. Chaque partition enregistre un sous-ensemble de données correspondant à la définition de ses limites de partition. Tous les lignes insérées dans une table partitionnée seront transférées sur la partition appropriée suivant les valeurs des colonnes de la clé de partitionnement. Mettre à jour la clé de partitionnement d'une ligne causera son déplacement dans une partition différente si elle ne satisfait plus les limites de sa partition originale.

Les partitions peuvent elles-mêmes être définies comme des tables partitionnées, ce qui aboutirait à du sous-partitionnement. Bien que toutes les partitions doivent avoir les mêmes colonnes que leur parent partitionné, les partitions peuvent avoir leurs propres index, contraintes et valeurs par défaut, différents de ceux des autres partitions. Voir CREATE TABLE pour plus de détails sur la création des tables partitionnées et des partitions.

Il n'est pas possible de transformer une table standard en table partitionnée et inversement. Par contre, il est possible d'ajouter une table standard ou une table partitionnée existante comme une partition d'une table partitionnée, ou de supprimer une partition d'une table partitionnée, pour la transformer en table standard ; ceci peut simplifier et accélérer de nombreux traitements de maintenance. Voir ALTER TABLE pour en apprendre plus sur les sous-commandes ATTACH PARTITION et DETACH PARTITION.

Les partitions peuvent également être des tables étrangères, mais il faut faire très attention car c'est de la responsabilité de l'utilisateur que le contenu de la table distante satisfasse la clé de partitionnement. Il existe aussi d'autres restrictions. Voir CREATE FOREIGN TABLE pour plus d'informations.

5.12.2.1. Exemple #

Imaginons que nous soyons en train de construire une base de données pour une grande société de crème glacée. La société mesure les pics de températures chaque jour, ainsi que les ventes de crème glacée dans chaque région. Conceptuellement, nous voulons une table comme ceci :

CREATE TABLE measurement (
    city_id         int not null,
    logdate         date not null,
    peaktemp        int,
    unitsales       int
);

La plupart des requêtes n'accèdent qu'aux données de la dernière semaine, du dernier mois ou du dernier trimestre, car cette table est essentiellement utilisée pour préparer des rapports en ligne pour la direction. Pour réduire le nombre de données anciennes à stocker, seules les trois dernières années sont conservées. Au début de chaque mois, les données du mois le plus ancien sont supprimées. Dans cette situation, le partitionnement permet de répondre aux différents besoins identifiés sur la table des mesures.

Pour utiliser le partitionnement déclaratif dans ce cas d'utilisation, il faut suivre les étapes suivantes :

  1. Créer une table measurement comme une table partitionnée en spécifiant la clause PARTITION BY, ce qui inclut la méthode de partitionnement ( RANGE dans ce cas) ainsi que la colonne ou la liste de colonnes à utiliser comme clé de partitionnement.

    CREATE TABLE measurement (
        city_id         int not null,
        logdate         date not null,
        peaktemp        int,
        unitsales       int
    ) PARTITION BY RANGE (logdate);
            

  2. Créez les partitions. La définition de chaque partition doit spécifier les limites qui correspondent à la méthode de partitionnement ainsi qu'à la clé de partitionnement du parent. Veuillez noter que spécifier des limites telles que les valeurs de la nouvelle partition pourront se chevaucher avec celles d'une ou plusieurs autres partitions retournera une erreur.

    Les partitions ainsi créées sont de tous les points de vue des tables PostgreSQL normales (ou, potentiellement, des tables distantes). Il est possible de spécifier un tablespace et des paramètres de stockage pour chacune des partitions séparément.

    Pour notre exemple, chaque partition devrait contenir un mois de données pour correspondre au besoin de supprimer un mois de données à la fois. Les commandes pourraient ressembler à ceci :

    CREATE TABLE measurement_y2006m02 PARTITION OF measurement
        FOR VALUES FROM ('2006-02-01') TO ('2006-03-01');
    
    CREATE TABLE measurement_y2006m03 PARTITION OF measurement
        FOR VALUES FROM ('2006-03-01') TO ('2006-04-01');
    
     ...
    CREATE TABLE measurement_y2007m11 PARTITION OF measurement
        FOR VALUES FROM ('2007-11-01') TO ('2007-12-01');
    
    CREATE TABLE measurement_y2007m12 PARTITION OF measurement
        FOR VALUES FROM ('2007-12-01') TO ('2008-01-01')
        TABLESPACE fasttablespace;
    
    CREATE TABLE measurement_y2008m01 PARTITION OF measurement
        FOR VALUES FROM ('2008-01-01') TO ('2008-02-01')
        WITH (parallel_workers = 4)
        TABLESPACE fasttablespace;

    (Pour rappel, les partitions adjacentes peuvent partager une valeur de limite car les limites hautes sont traitées comme des limites exclusive.)

    Si vous voulez mettre en place du sous-partitionnement, spécifiez la clause PARTITION BY dans les commandes utilisées pour créer des partitions individuelles, par exemple :

    CREATE TABLE measurement_y2006m02 PARTITION OF measurement
        FOR VALUES FROM ('2006-02-01') TO ('2006-03-01')
        PARTITION BY RANGE (peaktemp);

    Après avoir créé les partitions de measurement_y2006m02, toute donnée insérée dans measurement qui correspond à measurement_y2006m02 (ou donnée qui est directement insérée dans measurement_y2006m02, ce qui est autorisé à condition que la contrainte de partition soit respectée) sera redirigée vers l'une de ses partitions en se basant sur la colonne peaktemp. La clé de partition spécifiée pourrait se chevaucher avec la clé de partition du parent, il faut donc faire spécialement attention lorsque les limites d'une sous-partition sont spécifiées afin que l'ensemble de données qu'elle accepte constitue un sous-ensemble de ce que les propres limites de la partition acceptent  ; le système n'essayera pas de vérifier si c'est vraiment le cas.

    Insérer des données dans la table parent, données qui ne correspondent pas à une des partitions existantes, causera une erreur ; une partition appropriée doit être ajoutée manuellement.

    Il n'est pas nécessaire de créer manuellement les contraintes de table décrivant les conditions des limites de partition pour les partitions. De telles contraintes seront créées automatiquement.

  3. Créez un index sur la ou les colonnes de la clé, ainsi que tout autre index que vous pourriez vouloir pour chaque partition. (L'index sur la clé n'est pas strictement nécessaire, mais c'est utile dans la plupart des scénarios.) Ceci crée automatiquement un index correspondant sur chaque partition, et toutes les partitions que vous créerez ou attacherez plus tard auront elles-aussi cet index. Un index ou une contrainte unique déclarée sur une table partitionnée est « virtuel » de la même façon que la table partitionnée l'est : les données réelles sont dans les index enfants sur les partitions individuelles.

    CREATE INDEX ON measurement (logdate);

    Assurez-vous que le paramètre de configuration enable_partition_pruning ne soit pas désactivé dans postgresql.conf. S'il l'est, les requêtes ne seront pas optimisées comme voulu.

Dans l'exemple ci-dessus, nous créerions une nouvelle partition chaque mois, il serait donc avisé d'écrire un script qui génère le DDL nécessaire automatiquement.

5.12.2.2. Maintenance des partitions #

Normalement, l'ensemble des partitions établies lors de la définition initiale de la table n'a pas vocation à demeurer statique. Il est courant de vouloir supprimer les partitions contenant d'anciennes données et d'ajouter périodiquement de nouvelles partitions pour de nouvelles données. Un des avantages les plus importants du partitionnement est précisément qu'il permet d'exécuter instantanément cette tâche de maintenance normalement pénible, en manipulant la structure partitionnée, plutôt que de bouger physiquement de grands ensembles de données.

Le moyen le plus simple pour supprimer d'anciennes données est de supprimer la partition qui n'est plus nécessaire :

DROP TABLE measurement_y2006m02;

Cela peut supprimer des millions d'enregistrements très rapidement, car il n'est pas nécessaire de supprimer chaque enregistrement séparément. Veuillez noter toutefois que la commande ci-dessus nécessite de prendre un verrou de type ACCESS EXCLUSIVE sur la table parente.

Une autre possibilité, généralement préférable, est de ne pas supprimer la partition de la table partitionnée, mais de la conserver en tant que table à part entière. Cela peut prendre deux formes :

ALTER TABLE measurement DETACH PARTITION measurement_y2006m02;
ALTER TABLE measurement DETACH PARTITION measurement_y2006m02 CONCURRENTLY;

Elles permettent d'effectuer ensuite d'autres opérations sur les données avant la suppression. Par exemple, c'est souvent le moment idéal pour sauvegarder les données en utilisant COPY, pg_dump, ou des outils similaires. Ce peut aussi être le bon moment pour agréger les données dans un format moins volumineux, effectuer d'autres manipulations des données, ou lancer des rapports. La première forme de la commande requiert un verrou ACCESS EXCLUSIVE sur la table parent. Ajouter la clause CONCURRENTLY, comme indiqué dans la deuxième forme, permet que l'opération de détachement ne réclame qu'un verrou SHARE UPDATE EXCLUSIVE sur la table parent. Cependant, voir ALTER TABLE ... DETACH PARTITION pour des détails sur les restrictions.

De la même manière, nous pouvons ajouter une nouvelle partition pour gérer les nouvelles données. Nous pouvons créer une partition vide dans la table partitionnée exactement comme les partitions originales ont été créées précédemment :

CREATE TABLE measurement_y2008m02 PARTITION OF measurement
    FOR VALUES FROM ('2008-02-01') TO ('2008-03-01')
    TABLESPACE fasttablespace;

Comme alternative à la création d'une nouvelle partition, il est parfois plus agréable de créer une nouvelle table séparée de la structure des partitions et de l'attacher ensuite comme une partition. Ceci permet aux nouvelles données d'être chargées, vérifiées et transformées avant d'apparaître dans la table partitionnée. De plus, l'opération ATTACH PARTITION nécessite seulement un verrou SHARE UPDATE EXCLUSIVE sur la table partitionnée plutôt qu'un verrou ACCESS EXCLUSIVE requis par CREATE TABLE ... PARTITION OF, ce qui est plus acceptable pour les opérations réalisées en parallèle sur la table partitionnée ; voir ALTER TABLE ... ATTACH PARTITION pour des détails supplémentaires. L'option CREATE TABLE ... LIKE peut être utile pour éviter de répéter fastidieusement la définition de la table parent ; par exemple :

CREATE TABLE measurement_y2008m02
  (LIKE measurement INCLUDING DEFAULTS INCLUDING CONSTRAINTS)
  TABLESPACE fasttablespace;

ALTER TABLE measurement_y2008m02 ADD CONSTRAINT y2008m02
   CHECK ( logdate >= DATE '2008-02-01' AND logdate < DATE '2008-03-01' );

\copy measurement_y2008m02 from 'measurement_y2008m02'
-- et éventuellement d'autres étapes de préparation

ALTER TABLE measurement ATTACH PARTITION measurement_y2008m02
    FOR VALUES FROM ('2008-02-01') TO ('2008-03-01' );

Notez que pendant l'exécution de la commande ATTACH PARTITION, la table sera parcourue pour valider la contrainte de partitionnement tout en détenant un verrou ACCESS EXCLUSIVE sur cette partition. Comme indiqué ci-dessus, il est recommandé d'éviter ce parcours en créant une contrainte CHECK correspondant à la contrainte de partition attendue sur la table avant de l'attacher. Une fois que le ATTACH PARTITION est terminé, il est recommandé de supprimer la contrainte CHECK maintenant redondante. Si la table en cours d'attachement est elle-même une table partitionnée, alors chacune de ses sous-partitions sera verrouillée récursivement et parcourue jusqu'à ce qu'une contrainte CHECK convenable soit rencontrée ou que les partitions feuilles sont atteintes.

De façon similaire, si la table partitionnée a une partition par défaut (DEFAULT), il est recommandé de créer une contrainte CHECK qui exclut la contrainte de la partition à attacher. Si cela n'est pas fait, alors la partition DEFAULT sera parcourue pour vérifier qu'elle ne contienne aucun enregistrement qui devrait être placé dans la partition en cours d'attachement. Cette opération sera réalisée en détenant un verrou ACCESS EXCLUSIVE sur la partition par défaut. Si la partition par défaut est elle-même une table partitionnées, alors chacune de ses partitions sera vérifiée récursivement de la même façon que la table en cours d'attachement, comme indiqué ci-dessus.

Comme mentionné précédemment, il est possible de créer des index sur les tables partitionnées pour qu'ils soient appliqués automatiquement à la hiérarchie entière. Ceci peut être très pratique car non seulement toutes les partitions existantes seront indexées mais toute partition future le sera aussi. Néanmoins, une limitation lors de la création de nouveaux index sur les tables partitionnées est qu'il n'est pas possible d'utiliser la clause CONCURRENTLY, ce qui pourrait amener des verrous détenus très longtemps. Pour éviter cela, vous pouvez utiliser CREATE INDEX ON ONLY sur la table partitionnée, qui crée le nouveau index en le marquant comme invalide, empêchant l'application automatique aux partitions existantes. À la place, les index peuvent être créés individuellement sur chaque partition en utilisant la clause CONCURRENTLY et attachés à l'index partitionné sur le parent en utilisant la commande ALTER INDEX ... ATTACH PARTITION. Une fois que les index de toutes les partitions sont attachés à l'index parent, l'index parent sera automatiquement marqué valide. Par exemple :

CREATE INDEX measurement_usls_idx ON ONLY measurement (unitsales);

CREATE INDEX CONCURRENTLY measurement_usls_200602_idx
    ON measurement_y2006m02 (unitsales);
ALTER INDEX measurement_usls_idx
    ATTACH PARTITION measurement_usls_200602_idx;
...

Cette technique peut aussi être utilisée avec des contraintes UNIQUE et PRIMARY KEY ; les index sont créés implicitement quand la contrainte est créée. Exemple :

ALTER TABLE ONLY measurement ADD UNIQUE (city_id, logdate);

ALTER TABLE measurement_y2006m02 ADD UNIQUE (city_id, logdate);
ALTER INDEX measurement_city_id_logdate_key
    ATTACH PARTITION measurement_y2006m02_city_id_logdate_key;
...

5.12.2.3. Limitations #

Les limitations suivantes s'appliquent aux tables partitionnées :

  • Pour créer une contrainte d'unicité ou une clé primaire sur une table partitionnée, la clé de partitionnement ne doit pas inclure des expressions ou des appels de fonction, et les colonnes de la contrainte doivent inclure toutes les colonnes de la clé de partitionnement. Cette limitation existe parce que les index individuels créant la contrainte peuvent seulement forcer l'unicité sur leur propre partition ; de ce fait, la structure même de la partition doit garantir qu'il n'existe pas de duplicats dans les différentes partitions.

  • De façon similaire, une contrainte d'exclusion doit inclure toutes les colonnes de la clé de partitionnement. De plus, la contrainte doit comparer ces colonnes sur l'égalité (et non &&). Encore une fois, cette limitation vient du faire de ne pas être capable de forcer les restrictions sur les partitions. La contrainte peut inclure des colonnes supplémentaires qui ne font pas partie de la clé de partitionnement et peut les comparer à l'aide de n'importe quel opérateur.

  • Les triggers BEFORE ROW ne peuvent pas changer la partition de destination d'une nouvelle ligne.

  • Mélanger des relations temporaires et permanentes dans la même arborescence de partitions n'est pas autorisé. Par conséquent, si une table partitionnée est permanente, ses partitions doivent l'être aussi ; de même si la table partitionnée est temporaire, ses partitions doivent l'être aussi. Lors de l'utilisation de relations temporaires, tous les membres de l'arborescence des partitions doivent être issus de la même session.

  • Les colonnes générées sont ignorées par la réplication logique et ne peuvent pas être indiquées dans une liste de colonnes de la commande CREATE PUBLICATION.

Les partitions individuelles sont liées à leur table partitionnée en utilisant l'héritage en arrière plan. Néanmoins, il n'est pas possible d'utiliser toutes les fonctionnalités génériques de l'héritage avec les tables en partitionnement déclaratif et leurs partitions, comme indiqué ci-dessous. Notamment, une partition ne peut pas avoir d'autres parents que leur table partitionnée. Une table ne peut pas non plus hériter d'une table partitionnée et d'une table normale. Cela signifie que les tables partitionnées et leur partitions ne partagent jamais une hiérarchie d'héritage avec des tables normales.

Comme une hiérarchie de partitionnement consistant en la table partitionnée et ses partitions est toujours une hiérarchie d'héritage, tableoid et toutes les règles normales d'héritage s'appliquent comme décrites dans Section 5.11, avec quelques exceptions :

  • Les partitions ne peuvent pas avoir des colonnes qui ne sont pas présentes chez le parent. Il n'est pas possible d'indiquer des colonnes lors de la création de partitions avec CREATE TABLE, pas plus qu'il n'est possible d'ajouter des colonnes aux partitions après leur création en utilisant ALTER TABLE. Les tables pourraient être ajoutées en tant que partition avec ALTER TABLE ... ATTACH PARTITION seulement si leurs colonnes correspondent exactement à leur parent, en incluant toute colonne oid.

  • Les contraintes CHECK et NOT NULL d'une table partitionnée sont toujours héritées par toutes ses partitions. La création des contraintes CHECK marquées NO INHERIT n'est pas autorisée sur les tables partitionnées. Vous ne pouvez pas supprimer une contrainte NOT NULL de la colonne d'une partition si la même contrainte est présente dans la table parent.

  • Utiliser ONLY pour ajouter ou supprimer une contrainte uniquement sur la table partitionnée est supportée tant qu'il n'y a pas de partitions. Dès qu'une partition existe, utiliser ONLY renverra une erreur pour toute contrainte autre que UNIQUE et PRIMARY KEY. À la place, des contraintes sur les partitions elles-mêmes peuvent être ajoutées et (si elles ne sont pas présentes sur la table parent) supprimées.

  • Comme une table partitionnée n'a pas de données elle-même, toute tentative d'utiliser TRUNCATE ONLY sur une table partitionnée renverra systématiquement une erreur.

5.12.3. Partitionnement utilisant l'héritage #

Bien que le partitionnement déclaratif natif soit adapté pour la plupart des cas d'usage courant, il reste certains cas où une approche plus flexible peut être utile. Le partitionnement peut être implémenté en utilisant l'héritage de table, ce qui permet d'autres fonctionnalités non supportées par le partitionnement déclaratif, comme :

  • Pour le partitionnement déclaratif, les partitions doivent avoir exactement les mêmes colonnes que la table partitionnée, alors qu'avec l'héritage de table, les tables filles peuvent avoir des colonnes supplémentaires non présentes dans la table parente.

  • L'héritage de table permet l'héritage multiple.

  • Le partitionnement déclaratif ne prend en charge que le partitionnement par intervalle, par liste et par hachage, tandis que l'héritage de table permet de diviser les données de la manière choisie par l'utilisateur. (Notez, cependant, que si l'exclusion de contrainte n'est pas en mesure d'élaguer efficacement les tables filles, la performance de la requête peut être faible).

5.12.3.1. Exemple #

Cet exemple construit une structure de partitionnement équivalente à l'exemple de partitionnement déclaratif ci-dessus. Procédez aux étapes suivantes :

  1. Créez la table « mère » (ou racine, ou principale), de laquelle toutes les tables « filles » hériteront. Cette table ne contiendra aucune donnée. Ne définissez aucune contrainte de vérification sur cette table, à moins que vous n'ayez l'intention de l'appliquer de manière identique sur toutes les tables filles. Il n'y a aucun intérêt à définir d'index ou de contrainte unique sur elle non plus. Pour notre exemple, la table mère correspond à la table measurement définie à l'origine :

    CREATE TABLE measurement (
        city_id         int not null,
        logdate         date not null,
        peaktemp        int,
        unitsales       int
    );

  2. Créez plusieurs tables « filles », chacune héritant de la table mère. Normalement, ces tables n'ajouteront aucune colonne à celles héritées de la table mère. Comme avec le partitionnement déclaratif, ces tables filles sont des tables PostgreSQL à part entière (ou des tables distantes).

    CREATE TABLE measurement_y2006m02 () INHERITS (measurement);
    CREATE TABLE measurement_y2006m03 () INHERITS (measurement);
    ...
    CREATE TABLE measurement_y2007m11 () INHERITS (measurement);
    CREATE TABLE measurement_y2007m12 () INHERITS (measurement);
    CREATE TABLE measurement_y2008m01 () INHERITS (measurement);

  3. Ajoutez les contraintes de tables, sans qu'elles se chevauchent, sur les tables filles pour définir les valeurs de clé autorisées dans chacune.

    Des exemples typiques seraient :

    CHECK ( x = 1 )
    CHECK ( county IN ( 'Oxfordshire', 'Buckinghamshire', 'Warwickshire' ))
    CHECK ( outletID >= 100 AND outletID < 200 )

    Assurez-vous que les contraintes garantissent qu'il n'y a pas de chevauchement entre les valeurs de clés permises dans différentes tables filles. Une erreur fréquente est de mettre en place des contraintes d'intervalle comme ceci :

    CHECK ( outletID BETWEEN 100 AND 200 )
    CHECK ( outletID BETWEEN 200 AND 300 )

    Cet exemple est faux puisqu'il n'est pas possible de savoir à quelle table fille appartient la valeur de clé 200. À la place, les intervalles devraient être définis ainsi :

    CREATE TABLE measurement_y2006m02 (
        CHECK ( logdate >= DATE '2006-02-01' AND logdate < DATE '2006-03-01' )
    ) INHERITS (measurement);
    
    CREATE TABLE measurement_y2006m03 (
        CHECK ( logdate >= DATE '2006-03-01' AND logdate < DATE '2006-04-01' )
    ) INHERITS (measurement);
    
    ...
    CREATE TABLE measurement_y2007m11 (
        CHECK ( logdate >= DATE '2007-11-01' AND logdate < DATE '2007-12-01' )
    ) INHERITS (measurement);
    
    CREATE TABLE measurement_y2007m12 (
        CHECK ( logdate >= DATE '2007-12-01' AND logdate < DATE '2008-01-01' )
    ) INHERITS (measurement);
    
    CREATE TABLE measurement_y2008m01 (
        CHECK ( logdate >= DATE '2008-01-01' AND logdate < DATE '2008-02-01' )
    ) INHERITS (measurement);

  4. Pour chaque table fille, créez un index sur la ou les colonnes de la clé, ainsi que tout autre index que vous voudriez.

    CREATE INDEX measurement_y2006m02_logdate ON measurement_y2006m02 (logdate);
    CREATE INDEX measurement_y2006m03_logdate ON measurement_y2006m03 (logdate);
    CREATE INDEX measurement_y2007m11_logdate ON measurement_y2007m11 (logdate);
    CREATE INDEX measurement_y2007m12_logdate ON measurement_y2007m12 (logdate);
    CREATE INDEX measurement_y2008m01_logdate ON measurement_y2008m01 (logdate);

  5. Nous voulons que notre application soit capable de dire INSERT INTO measurement ..., et de voir ses données redirigées dans la table fille appropriée. Nous pouvons réaliser cela en ajoutant un trigger sur la table mère. Si les données doivent être ajoutées sur la dernière table fille uniquement, nous pouvons utiliser un trigger avec une fonction très simple :

    CREATE OR REPLACE FUNCTION measurement_insert_trigger()
    RETURNS TRIGGER AS $$
    BEGIN
        INSERT INTO measurement_y2008m01 VALUES (NEW.*);
        RETURN NULL;
    END;
    $$
    LANGUAGE plpgsql;

    Après avoir créé la fonction, nous créons le trigger qui appelle la fonction trigger :

    CREATE TRIGGER insert_mesure_trigger
        BEFORE INSERT ON mesure
        FOR EACH ROW EXECUTE FUNCTION mesure_insert_trigger();

    Une telle fonction doit être redéfinie chaque mois pour toujours insérer sur la table fille active. La définition du trigger n'a pas besoin d'être redéfinie.

    Il est également possible de laisser le serveur localiser la table fille dans laquelle doit être insérée la ligne. Une fonction plus complexe peut alors être utilisée :

    CREATE OR REPLACE FUNCTION mesure_insert_trigger()
    RETURNS TRIGGER AS $$
    BEGIN
        IF ( NEW.date_trace >= DATE '2006-02-01' AND
             NEW.date_trace < DATE '2006-03-01' ) THEN
            INSERT INTO mesure_a2006m02 VALUES (NEW.*);
        ELSIF ( NEW.date_trace >= DATE '2006-03-01' AND
                NEW.date_trace < DATE '2006-04-01' ) THEN
            INSERT INTO mesure_a2006m03 VALUES (NEW.*);
        ...
        ELSIF ( NEW.date_trace >= DATE '2008-01-01' AND
                NEW.date_trace < DATE '2008-02-01' ) THEN
            INSERT INTO mesure_a2008m01 VALUES (NEW.*);
        ELSE
            RAISE EXCEPTION 'Date en dehors de l''intervalle. Corrigez la fonction mesure_insert_trigger() !';
        END IF;
        RETURN NULL;
    END;
    $$
    LANGUAGE plpgsql;

    La définition du trigger est la même qu'avant. Notez que chaque test IF doit correspondre exactement à la contrainte CHECK de la table fille correspondante.

    Bien que cette fonction soit plus complexe que celle pour un seul mois, il n'est pas nécessaire de l'actualiser aussi fréquemment, les branches pouvant être ajoutées en avance.

    Note

    En pratique, il vaudrait mieux vérifier d'abord la dernière table fille créée si la plupart des insertions lui sont destinées. Pour des raisons de simplicité, les tests du trigger sont présentés dans le même ordre que les autres parties de l'exemple.

    Une approche différente du trigger est la redirection des insertions par des règles sur la table mère. Par exemple :

    CREATE RULE measurement_insert_y2006m02 AS
    ON INSERT TO measurement WHERE
        ( logdate >= DATE '2006-02-01' AND logdate < DATE '2006-03-01' )
    DO INSTEAD
        INSERT INTO measurement_y2006m02 VALUES (NEW.*);
    ...
    CREATE RULE measurement_insert_y2008m01 AS
    ON INSERT TO measurement WHERE
        ( logdate >= DATE '2008-01-01' AND logdate < DATE '2008-02-01' )
    DO INSTEAD
        INSERT INTO measurement_y2008m01 VALUES (NEW.*);

    Une règle a un surcoût bien plus important qu'un trigger, mais il n'est payé qu'une fois par requête plutôt qu'une fois par ligne. Cette méthode peut donc être avantageuse pour les insertions en masse. Toutefois, dans la plupart des cas, la méthode du trigger offrira de meilleures performances.

    Soyez conscient que COPY ignore les règles. Si vous voulez utiliser COPY pour insérer des données, vous devrez les copier dans la bonne table fille plutôt que dans la table mère. COPY déclenche les triggers, vous pouvez donc l'utiliser normalement si vous utilisez l'approche par trigger.

    Un autre inconvénient à l'approche par règle est qu'il n'y a pas de moyen simple de forcer une erreur si l'ensemble de règles ne couvre pas la date d'insertion ; les données iront silencieusement dans la table mère à la place.

  6. Assurez-vous que le paramètre de configuration constraint_exclusion ne soit pas désactivé dans le fichier postgresql.conf ; sinon il pourrait y avoir des accès inutiles aux autres tables.

Comme nous pouvons le voir, une hiérarchie complexe de tables peut nécessiter une quantité de DDL non négligeable. Dans l'exemple ci-dessus, nous créerions une nouvelle table fille chaque mois, il serait donc sage d'écrire un script qui génère le DDL automatiquement.

5.12.3.2. Maintenance du partitionnement par héritage #

Pour supprimer les anciennes données rapidement, il suffit de supprimer la table fille qui n'est plus nécessaire :

DROP TABLE measurement_a2006m02;

Pour enlever une table fille de la hiérarchie d'héritage, mais en en gardant l'accès en tant que table normale :

ALTER TABLE measurement_a2006m02 NO INHERIT measurement;

Pour ajouter une nouvelle table fille pour gérer les nouvelles données, créez une table fille vide, tout comme les tables filles originales ont été créées ci-dessus :

CREATE TABLE measurement_a2008m02 (
    CHECK ( date_trace >= DATE '2008-02-01' AND date_trace < DATE '2008-03-01' )
) INHERITS (measurement);

Une autre alternative est de créer et de remplir la nouvelle table enfant avant de l'ajouter à la hiérarchie de la table. Ceci permet aux données d'être chargées, vérifiées et transformées avant d'être rendues visibles aux requêtes sur la table parente.

CREATE TABLE measurement_a2008m02
  (LIKE measurement INCLUDING DEFAULTS INCLUDING CONSTRAINTS);
ALTER TABLE measurement_a2008m02 ADD CONSTRAINT y2008m02
   CHECK ( date_trace >= DATE '2008-02-01' AND date_trace < DATE '2008-03-01' );
\copy measurement_a2008m02 from 'measurement_a2008m02'
-- quelques travaux de préparation des données
ALTER TABLE measurement_a2008m02 INHERIT measurement;

5.12.3.3. Restrictions #

Les restrictions suivantes s'appliquent au partitionnement par héritage :

  • Il n'existe pas de moyen automatique de vérifier que toutes les contraintes de vérification (CHECK) sont mutuellement exclusives. Il est plus sûr de créer un code qui fabrique les tables filles, et crée et/ou modifie les objets associés plutôt que de les créer manuellement ;

  • Les contraintes d'index et de clés étrangères s'appliquent à des tables seules et non à leurs enfants par héritage, il y a donc des limitations à connaître.

  • Les schémas montrés ici supposent que les colonnes clés du partitionnement d'une ligne ne changent jamais ou, tout du moins, ne changent pas suffisamment pour nécessiter un déplacement vers une autre partition. Une commande UPDATE qui tentera de le faire échouera à cause des contraintes CHECK. Si vous devez gérer ce type de cas, des triggers sur mise à jour peuvent être placés sur les tables filles, mais cela rend la gestion de la structure beaucoup plus complexe.

  • Si VACUUM ou ANALYZE sont lancés manuellement, n'oubliez pas de les lancer sur chaque table fille. Une commande comme :

    ANALYZE measurement;

    ne traitera que la table mère.

  • Les commandes INSERT avec des clauses ON CONFLICT ont peu de chances de fonctionner comme attendu, puisque l'action du ON CONFLICT n'est effectuée que dans le cas de violations d'unicité dans la table cible, pas dans les filles.

  • Des triggers ou des règles seront nécessaires pour rediriger les lignes vers la table fille voulue, à moins que l'application ne soit explicitement au courant du schéma de partitionnement. Les triggers peuvent être compliqués à écrire, et seront bien plus lents que la redirection de ligne effectuée en interne par le partitionnement déclaratif.

5.12.4. Élagage de partition #

L'élagage des partitions (Partition pruning) est une technique d'optimisation des requêtes qui vise à améliorer les performances des tables à partitionnement déclaratif. À titre d'exemple :

SET enable_partition_pruning = on;                 -- défaut
SELECT count(*) FROM measurement WHERE date_trace >= DATE '2008-01-01';

Sans l'élagage de partition, la requête ci-dessus parcourrait chacune des partitions de la table measurement. Avec l'élagage de partition activé, le planificateur examinera la définition de chaque partition, et montrera qu'il n'est pas nécessaire de la parcourir puisqu'elle ne contient aucune ligne respectant la clause WHERE de la requête. Lorsque le planificateur peut l'établir, il exclut (élague) la partition du plan de recherche.

En utilisant la commande EXPLAIN et le paramètre de configuration enable_partition_pruning, il est possible de voir la différence entre un plan pour lequel des partitions ont été élaguées et celui pour lequel elles ne l'ont pas été. Un plan typique non optimisé pour ce type de configuration de table serait :

SET enable_partition_pruning = off;
EXPLAIN SELECT count(*) FROM measurement WHERE date_trace >= DATE '2008-01-01';

                                    QUERY PLAN
-----------------------------------------------------------------------------------
 Aggregate  (cost=188.76..188.77 rows=1 width=8)
   ->  Append  (cost=0.00..181.05 rows=3085 width=0)
         ->  Seq Scan on measurement_y2006m02  (cost=0.00..33.12 rows=617 width=0)
               Filter: (logdate >= '2008-01-01'::date)
         ->  Seq Scan on measurement_y2006m03  (cost=0.00..33.12 rows=617 width=0)
                Filter: (logdate >= '2008-01-01'::date)
 ...
         ->  Seq Scan on measurement_y2007m11  (cost=0.00..33.12 rows=617 width=0)
               Filter: (logdate >= '2008-01-01'::date)
         ->  Seq Scan on measurement_y2007m12  (cost=0.00..33.12 rows=617 width=0)
               Filter: (logdate >= '2008-01-01'::date)
         ->  Seq Scan on measurement_y2008m01  (cost=0.00..33.12 rows=617 width=0)
               Filter: (logdate >= '2008-01-01'::date)

Quelques partitions, voire toutes, peuvent utiliser des parcours d'index à la place des parcours séquentiels de la table complète, mais le fait est qu'il n'est pas besoin de parcourir les plus vieilles partitions pour répondre à cette requête. Lorsque l'élagage de partitions est activé, nous obtenons un plan significativement moins coûteux, pour le même résultat :

SET enable_partition_pruning = on;
EXPLAIN SELECT count(*) FROM measurement WHERE date_trace >= DATE '2008-01-01';

                                    QUERY PLAN
-----------------------------------------------------------------------------------
 Aggregate  (cost=37.75..37.76 rows=1 width=8)
   ->  Seq Scan on measurement_y2008m01  (cost=0.00..33.12 rows=617 width=0)
         Filter: (logdate >= '2008-01-01'::date)

Il est à noter que l'élagage des partitions n'est piloté que par les contraintes définies implicitement par les clés de partition, et non par la présence d'index. Il n'est donc pas nécessaire de définir des index sur les colonnes clés. Pour savoir si un index doit être créé sur une partition donnée, il vous faut juger si les requêtes sur cette partition en parcourent généralement une grande partie, ou seulement une petite. Un index sera utile dans ce dernier cas, mais pas dans le premier.

L'élagage des partitions peut être effectué non seulement lors de la planification d'une requête, mais aussi lors de son exécution. C'est utile pour élaguer plus de partitions lorsque les clauses contiennent des expressions de valeurs inconnues au moment de la planification de la requête, par exemple des paramètres définis dans une instruction PREPARE, utilisant une valeur obtenue d'une sous-requête, ou une valeur paramétrée sur la partie interne d'une jointure en boucle imbriquée (nested loop join). L'élagage de partition pendant l'exécution peut être réalisé à l'un des moments suivant :

  • Lors de l'initialisation du plan d'exécution. L'élagage de partition peut être effectué pour les valeurs de paramètres connues dès cette phase. Les partitions élaguées pendant cette étape n'apparaîtront pas dans l'EXPLAIN ou l'EXPLAIN ANALYZE de la requête. Il est même possible de déterminer le nombre de partitions supprimées pendant cette phase en observant la propriété « Subplans Removed »(sous-plans supprimés) dans la sortie d'EXPLAIN.

  • Pendant l'exécution effective du plan d'exécution. L'élagage des partitions peut également être effectué pour supprimer des partitions en utilisant des valeurs qui ne sont connues que pendant l'exécution de la requête. Cela inclut les valeurs des sous-requêtes et des paramètres issus de l'exécution, comme des jointures par boucle imbriquée(nested loop join) paramétrées. Comme la valeur de ces paramètres peut changer plusieurs fois pendant l'exécution de la requête, l'élagage de partitions est effectué chaque fois que l'un des paramètres d'exécution utilisés pour celui-ci change. Déterminer si les partitions ont été élaguées pendant cette phase nécessite une inspection minutieuse de la propriété loops de la sortie d'EXPLAIN ANALYZE. Les sous-plans correspondant aux différentes partitions peuvent avoir différentes valeurs dépendant du nombre de fois où chacun d'eux a été élagué lors de l'exécution. Certains peuvent être affichés comme (never executed) (littéralement, jamais exécuté) s'ils sont élagués à chaque fois.

L'élagage des partitions peut être désactivé à l'aide du paramètre enable_partition_pruning.

5.12.5. Partitionnement et contrainte d'exclusion #

Une contrainte d'exclusion est une technique d'optimisation de requêtes similaire à l'élagage de partitions. Bien qu'elle soit principalement utilisée pour les tables partitionnées avec l'ancienne méthode par héritage, elle peut être utilisée à d'autres fins, y compris avec le partitionnement déclaratif.

Les contraintes d'exclusion fonctionnent d'une manière très similaire à l'élagage de partitions, sauf qu'elles utilisent les contraintes CHECK de chaque table (d'où le nom) alors que l'élagage de partition utilise les limites de partition de la table, qui n'existent que dans le cas d'un partitionnement déclaratif. Une autre différence est qu'une contrainte d'exclusion n'est appliquée qu'à la planification ; il n'y a donc pas de tentative d'écarter des partitions à l'exécution.

Le fait que les contraintes d'exclusion utilisent les contraintes CHECK les rend plus lentes que l'élagage de partitions, mais peut être un avantage : puisque les contraintes peuvent être définies même sur des tables avec partitionnement déclaratif, en plus de leurs limites internes, les contraintes d'exclusion peuvent être capables de supprimer des partitions supplémentaires pendant la phase de planification de la requête.

La valeur par défaut (et donc recommandée) de constraint_exclusion n'est ni on ni off, mais un état intermédiaire appelé partition, qui fait que la technique n'est appliquée qu'aux requêtes qui semblent fonctionner avec des tables partitionnées par héritage. La valeur on entraîne que le planificateur examine les contraintes CHECK dans toutes les requêtes, y compris les requêtes simples qui ont peu de chance d'en profiter.

Les avertissement suivants s'appliquent à l'exclusion de contraintes :

  • Les contraintes d'exclusion ne sont appliquées que lors de la phase de planification de la requête, contrairement à l'élagage de partition, qui peut être appliqué lors de la phase d'exécution.

  • La contrainte d'exclusion ne fonctionne que si la clause WHERE de la requête contient des constantes (ou des paramètres externes). Par exemple, une comparaison avec une fonction non immutable comme CURRENT_TIMESTAMP ne peut pas être optimisée car le planificateur ne peut pas savoir dans quelle table fille la valeur de la fonction ira lors de l'exécution.

  • Les contraintes de partitionnement doivent rester simples. Dans le cas contraire, le planificateur peut rencontrer des difficultés à déterminer les tables filles qu'il n'est pas nécessaire de parcourir. Des conditions simples d'égalité pour le partitionnement de liste, ou des tests d'intervalle simples lors de partitionnement par intervalles sont recommandées, comme illustré dans les exemples précédents. Une règle générale est que les contraintes de partitionnement ne doivent contenir que des comparaisons entre les colonnes partitionnées et des constantes, à l'aide d'opérateurs utilisables par les index B-tree, car seules les colonnes indexables avec un index B-tree sont autorisées dans la clé de partitionnement.

  • Toutes les contraintes sur toutes les tables filles de la table parente sont examinées lors de l'exclusion de contraintes. De ce fait, un grand nombre de filles augmente considérablement le temps de planification de la requête. Ainsi, l'ancien partitionnement par héritage fonctionnera bien jusqu'à, peut-être, une centaine de tables enfant ; n'essayez pas d'en utiliser plusieurs milliers.

5.12.6. Bonnes pratiques avec le partitionnement déclaratif #

Il faut choisir avec soin le partitionnement d'une table car les performances à la planification et à l'exécution peuvent pâtir d'une mauvaise conception.

Un des choix les plus cruciaux portera sur la ou les colonnes par lesquelles vous partitionnerez. Souvent le meilleur choix sera la colonne ou l'ensemble de colonnes qui apparaissent le plus souvent dans les clauses WHERE des requêtes exécutées sur la table partitionnée. Les clauses WHERE qui sont compatibles avec les contraintes des limites des partitions peuvent être utilisées pour élaguer les partitions inutiles. Cependant, le choix peut vous être imposé par des exigences sur la PRIMARY KEY ou une contrainte UNIQUE. La suppression de données indésirables est aussi un facteur à considérer pour préparer votre stratégie de partitionnement. Une partition entière peut être détachée assez vite, et cela peut valoir le coup de concevoir votre partitionnement pour que toutes les données à supprimer en même temps soient situées dans la même partition.

Choisir le nombre cible de partitions par lequel diviser la table est aussi une décision critique à prendre. Ne pas avoir assez de partitions peut signifier que les index resteront trop gros, et que la localité des données restera faible, ce qui entraînera de mauvais hit ratios. Cependant, diviser la table en trop de partitions a aussi ses inconvénients. Trop de partitions peuvent entraîner des temps de planification plus longs et une plus grande consommation de mémoire pendant la planification comme pendant l'exécution, comme indiqué plus bas. Lors du choix du partitionnement de votre table, il est aussi important de considérer ce qui pourrait changer dans le futur. Par exemple, si vous choisissez d'avoir une partition par client alors que vous n'avez actuellement qu'un petit nombre de gros clients, considérez les implications si, dans quelques années, vous vous retrouvez avec un grand nombre de petits clients. Dans ce cas, il serait mieux de choisir une partition par HASH et de choisir un nombre raisonnable de partitions plutôt que d'essayer de partitionner par LIST et d'espérer que le nombre de clients n'augmente pas au-delà de ce qu'il est en pratique possible de partitionner.

Sous-partitionner peut être utile pour diviser encore des partitions qui devraient devenir plus grandes que d'autres partitions. Une autre option est d'utiliser le partitionnement par intervalle avec plusieurs colonnes dans la clé de partitionnement. Chacune de ses solutions peut facilement amener à un nombre excessif de partitions, il convient donc de rester prudent.

Il est important de considérer le surcroît de travail pour la planification et l'exécution dû au partitionnement. Le planificateur de requêtes est généralement capable de manipuler correctement des hiérarchies jusqu'à plusieurs milliers de partitions, pourvu que les requêtes courantes lui permettent d'élaguer toutes les partitions à l'exception d'un petit nombre. Les temps de planification s'allongent et la consommation de mémoire augmente s'il reste beaucoup de partitions une fois que le planificateur a fait l'élagage. Une autre raison de se méfier d'un grand nombre de partitions est que la consommation mémoire du serveur peut augmenter significativement au fil du temps, particulièrement si beaucoup de sessions touchent de nombreuses partitions. La cause en est que chaque partition a besoin que ses métadonnées soient chargées dans la mémoire locale d'une session qui y touche.

Avec une charge de type entrepôt de données, il y a plus de sens à utiliser un grand nombre de partitions que pour une charge de type OLTP. Généralement, en décisionnel, le temps de planification est moins un souci puisque la majorité du temps de traitement est dépensé pendant l'exécution. Avec l'un comme l'autre de ces types de charge, il est important de prendre tôt la bonne décision, car re-partitionner de grandes quantités de données peut être douloureusement long. Des simulation de la charge attendue sont souvent souhaitables pour optimiser la stratégie de partitionnement. Ne supposez jamais que plus de partitions valent mieux que moins de partitions et vice-versa.